Cette mauvaise aventure se passe à Paris, mais cela pourrait être même dans mon coin de pays. Je me souviens de mon patron dans un restaurant auquel j’étais employé. Et un jour, il dit qu’une femme allaitait dans la salle à manger et ce n’était pas acceptable. Je lui ai fait pour réponse qu’étant une femme très pudique, j’ai toujours allaité mes enfants quand je venais au café ou manger et les seules personnes qui le savaient sont ceux qui étaient près de moi et entendaient l’enfant téter, car j’avais toujours une petite couverture sur moi. L’allaitement est un acte normal et naturel et s’offusquer est selon moi, inadmissible
Nuage
Des policiers lui interdisent d’allaiter : « Vous n’allez pas imposer ça aux gens »
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Les joies de la bonne mere », une peinture de Giuseppe Sciuti, 1877 (LEEMAGE)
Des policiers du IIe arrondissement de Paris ont empêché une mère d’allaiter en public. Le tout avec un ton un brin agressif. Dommage pour eux : avec Internet, tout se sait.
La scène se passe dans un commissariat du IIe arrondissement de Paris, le 10 avril dernier. Il fait très beau. Une jeune femme fait la queue avec son compagnon dehors.
Plan Vigipirate oblige, ils ne peuvent pas rentrer : trop de monde à l’intérieur. Le couple de trentenaires attend donc, patient, parce qu’il veut faire une procuration pour les élections prochaines. Et Nicolas porte en écharpe leur fils de 2 mois.
Quand soudain… Le petit se met à pleurer. Il a faim. Quiconque est parent sait. Si votre enfant de 2 mois pleure de faim (scoop), vous lui donnez à manger et vous cherchez des solutions rapides.
Sophie, la mère du nourrisson, demande donc aux policiers si elle peut accéder à une pièce tranquille pour donner le sein à son enfant. Sans savoir, la malheureuse, qu’il s’agit apparemment d’un immense sacrilège pour les policiers à qui elle s’adresse.
Bientôt 5.000 signatures
Tout cela est raconté dans une pétition qui monte sur Change.org (4.700 signatures ce jeudi soir). Ils avaient d’abord (gentils) demandé la permission à une policière d’allaiter :
« Une minute après, gênée, elle revient accompagnée d’un policier qui prend immédiatement le parti de nous agresser. Il nous explique sur un ton très hostile qu’ils ne nous laisseront pas allaiter et qu’ils n’ont aucune pièce prévue à cet effet.
Nous répliquons que je n’ai besoin que d’une chaise. Sa réponse ? « Il est hors de question que vous allaitiez en public ! Vous n’allez pas imposer ça aux gens. »
Nous promettons d’allaiter “très discrètement grâce à une pièce de tissu, un lange, qui sert à cacher ma poitrine” (ce sein que la police ne saurait voir). Il reste inflexible, catégorique et nous fait signe de circuler : l’allaitement au commissariat du IIe n’aura pas lieu. »
Le ton monte.
« Je prends mon courage à deux mains et lui explique qu’à mes yeux, c’est une honte de refuser à quelqu’un de nourrir son bébé. Mon compagnon est avec moi, notre enfant toujours en écharpe. Et là, choc absolu : le policier nous accuse d’être de mauvais parents pour avoir emmené notre fils dans un commissariat. Selon lui, c’est notre comportement qui est honteux, notre fils devrait être à la maison. »
« Subir ça seule, ce doit être horrible… »
Et le couple finit par partir sans faire sa procuration. Joint au téléphone, Nicolas raconte lui aussi une altercation violente :
« On s’est dit par la suite qu’on a eu de la chance d’avoir été ensemble. On a pu se soutenir, se calmer ensemble. Subir ça seule, ce doit être horrible… »
En France, l’allaitement en public est d’ordinaire plutôt bien accepté, réagit Claude Didierjean-Jouveau au téléphone. La porte-parole de la Leche league, mouvement de défense de l’allaitement au sein, raconte :
« Ce n’est pas la première fois que ce genre d’incident arrive, mais c’est assez rare. La plupart du temps, quand une femme allaite en public, rien ne se passe. On doit avoir deux ou trois épisodes de ce genre qui suscitent une mobilisation chaque année. »
Elle se souvient de Lætitia, la mère qui, en 2013, avait été sommée de quitter un magasin par une commerçante dans les Landes.
« Je suis en bout de rayon […], il n’y a personne à part mes deux filles. Je baisse le haut de mon pull, je sors mon mamelon qui est tout de suite pris par ma petite qui a 20 mois, qui me cache donc déjà toute la poitrine quand la gérante vient vers moi et me dit :
‘Madame, nous sommes dans un magasin. Et les femmes qui allaitent, c’est comme les hommes torse nu, je n’en veux pas dans mon magasin’. »
Un post Facebook pour absorber le choc
Choqués par ce qui venait de leur arriver, Sophie et Nicolas se sont connectés à Facebook en arrivant chez eux. Besoin d’exorciser le truc.
« On avait envie d’entendre un écho de ce qu’on venait de vivre. Ça permet de sentir que ce qui s’est passé n’était pas normal, d’absorber le choc. On a donc écrit un post Facebook et des gens dans les commentaires nous ont conseillé de créer une pétition. »
Sur la pétition, les signatures s’amoncellent assez vite et les commentaires aussi. Plusieurs femmes racontent notamment devoir se cacher dans les toilettes régulièrement pour donner le sein à leur enfant.
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