Le vervet est un singe qui vit en Afrique du Sud. Les mâles sont manipulés par une ou des femelles pour combattre. Quoi de plus incitatif qu’un dépouillement ?
Nuage
Quand les femelles manipulent les mâles
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La manipulation n’est pas uniquement un comportement humain. Pour la première fois, des chercheurs ont montré qu’une autre espèce est capable d’utiliser des tactiques de manipulation comme la punition ou la récompense. Explication.
RADIO-CANADA AVEC AGENCE FRANCE-PRESSE
Un texte d’Alain Labelle
Chez le singe vervet (Chlorocebus aethiops pygerythrus), les femelles savent ce qu’elles veulent et comment l’obtenir. Le primatologue Jean Arseneau et ses collègues de l’Université de Zurich en Suisse ont montré qu’elles incitent les mâles à participer à des bagarres contre d’autres groupes rivaux en récompensant les courageux et en agressant les prudents.
Ce primate vit en Afrique et est reconnaissable notamment à sa face noire bordée de poils blancs. Son pelage est souvent de couleur vert-jaune sur le dos.
Le vervet vit en groupe, et les femelles prennent part aux batailles lorsque la nourriture est en jeu.
En observant pendant deux ans des groupes qui vivent dans une réserve en Afrique du Sud, les chercheurs ont constaté qu’après un conflit, les femelles utilisaient parfois la technique de « la carotte et le bâton » pour inciter les mâles à se jeter dans l’arène les fois suivantes.
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Concrètement, elles épouillaient les mâles qui s’exposaient au combat. À l’inverse, elles criaient et menaçaient les mâles qui s’étaient tenus à l’écart. Parfois, elles allaient jusqu’à les agresser physiquement.
En outre, avant d’attaquer un mâle qui est une fois et demie plus gros qu’une femelle, elles se regroupaient (par groupes de deux femelles ou plus) pour éviter des représailles.
La stratégie semble payante, puisque les mâles câlinés continuaient à se battre vaillamment lors des batailles suivantes et les mâles semoncés rejoignaient les rangs des combattants.
Les femelles utilisaient ces tactiques de manipulation lorsque de la nourriture intéressante était en jeu, car elles en ont besoin pour élever leurs petits. Recruter des mâles augmentait leurs chances d’avoir accès à ces ressources. Jean Arseneau
Pour les mâles, le fait de s’exposer dans des batailles a une valeur sur le plan reproductif.
« Être récompensé peut renforcer les liens et signaler aux autres femelles du groupe que le mâle objet d’attentions est un partenaire social valable », explique Jean Arseneau.
Ces travaux ont été publiés dans les Proceedings of the Royal Society B.
En 2010, des chercheurs néerlandais avaient montré que c’est la peur de perdre un combat, et non un signe de comportement conscient et d’intelligence, qui motive la gestion de l’épouillage d’un primate par un autre primate.
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