Une hypothèse de l’origine de la tuberculose qui a profité son entrée grâce à la découverte du feu. La fumée, des endroits mal aérés, auraient affecté le système immunitaire pour qu’un banal micro devienne une des pires maladies au monde
Nuage
En découvrant le feu, l’humain a-t-il inventé la tuberculose?

Extrait de «La Guerre du feu»
Repéré par Peggy Sastre
Irritant pour les poumons et vecteur de rapprochement entre les individus, le feu a peut-être transformé un petit microbe de rien du tout en pathogène meurtrier et mondial
Passer une pointe de flèche dans une flamme la durcit et rend la chasse plus infaillible. Le feu éclaire, réchauffe les corps, éloigne les prédateurs, tempère les aléas climatiques. De même, les aliments cuits, et en particulier la viande, sont à la fois moins toxiques et plus digestibles, ce qui aura permis une meilleure rentabilité énergétique à nos lointains ancêtres, facteur du développement de leurs fonctions cognitives supérieures. En bref, la découverte et la maîtrise du feu font partie des révolutions culturelles qui ont construit notre humanité.
Mais pour une équipe de quatre chercheurs, notamment affiliés à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie), découvrir le feu aurait pu avoir une fâcheuse conséquence: la naissance de la tuberculose, l’une des maladies les plus meurtrières, responsable à l’heure actuelle d’1,5 millions de morts par an dans le monde. Un bilan qui ne cesse de s’alourdir à mesure que l’on remonte l’histoire antérieure à l’invention des antibiotiques.
L’inhalation de la fumée est nocive
Comment? En ayant modifié l’environnement de l’ancêtre de la Mycobacterium tuberculosis, qui vivait probablement son inoffensive petite vie dans le sol, avant de muter à la faveur des pressions générées par la généralisation des foyers et d’évoluer pour devenir le pathogène aussi dangereux qu’extrêmement contagieux que nous connaissons aujourd’hui.
Selon le modèle mathématique conçu par Mark Tanaka et ses collègues, deux facteurs ont été essentiels à cette évolution: l’irritation des poumons causée par la fumée des brasiers, diminuant les défenses immunitaires, et un rapprochement entre humains facilité par leur chaleur, dans des endroits très mal ventilés. En d’autres termes, un redoutable bouillon de culture.
Pour l’instant, il ne s’agit que d’une hypothèse, mais pour Caitlin Pepperell, spécialiste de l’évolution des maladies à l’université du Wisconsin, citée dans The Atlantic,
elle est «très intéressante et intellectuellement stimulante. Elle est tout à fait plausible, parce que l’inhalation de fumée est très nocive au système immunitaire inné de nos poumons –notre première ligne de défense contre la tuberculose».
Ensuite, la bactérie qui avait réussi à la briser n’avait plus qu’à devenir contagieuse, une mutation là encore facilitée, explique Pepperell, par le fait que «l’inhalation de fumée provoque de la toux, qui a pu améliorer la transmissibilité de la tuberculose».
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