Nous voyons de plus en plus les conséquences des changements climatiques dans le monde. En Sibérie, un coin de la Russie reconnu pour son climat difficile, a un été particulièrement très chaud et des bactéries en dormance sous la gelée depuis des dizaines d’années se réveillent et provoque des épidémies chez l’homme et les rennes
Nuage
Fonte du pergélisol en Russie: l’anthrax contamine 21 personnes
C’est dans le district autonome de Yamalo-Nenets qu’a ressurgi la maladie du charbon qui a infecté plusieurs personnes et tué plus de 2300 rennes. Sur cette photo, un garçon se tient devant un troupeau de rennes dans une région adjacente.
PHOTO SERGEI KARPUKHIN, ARCHIVES REUTERS
Agence France-Presse
MOSCOU
La maladie du charbon, ou anthrax, a contaminé au moins 21 personnes dans le Grand Nord russe dont un enfant qui est mort, la fonte du pergélisol libérant des bacilles mortels piégés dans le sol, ont rapporté mardi les autorités locales.
« Malheureusement, le diagnostic a été confirmé pour 20 personnes » actuellement hospitalisées, a déclaré à l’agence de presse russe RIA Novosti une porte-parole de la région de Yamalo-Nenets, Natalia Khlopounova.
Par ailleurs, un garçon de 12 ans est mort lundi de cette maladie mortelle, dont aucun cas n’avait été constaté depuis 75 ans dans cette région située à 2000 kilomètres au nord-est de Moscou et peuplée en partie de populations nomades.
Un été anormalement chaud, avec des températures dépassant les 35 degrés Celsius, a fait fondre le pergélisol, les sols gelés du Grand Nord, et exposé selon les autorités un cadavre de renne infecté.
« Les spores d’anthrax se conservent dans le pergélisol pendant plus d’un siècle », ont expliqué les services sanitaires.
La maladie du charbon, ou anthrax, est une infection aiguë qui touche aussi bien l’animal que l’homme. La bactérie (Bacillius anthracis) existe dans la nature et est aussi considérée comme une arme bactériologique, car elle peut être facilement disséminée sous forme de spores. Elle est mortelle, à moins de prendre des antibiotiques très rapidement.
La ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, s’est rendue dans la région, placée sous quarantaine depuis une semaine après l’infection par l’anthrax des troupeaux de rennes d’au moins neuf éleveurs nomades.
Elle a rendu visite aux personnes contaminées, dont une famille « qui a mangé de la viande de renne crue et bu son sang », a indiqué Natalia Khlopounova, précisant qu’il s’agissait d’une coutume des populations nomades.
Au total, 90 personnes restent hospitalisées dans la principale ville de la région, Salekhard, pour limiter les risques de contagion dans la population.
Le ministère de la Défense a annoncé avoir envoyé plus de 200 spécialistes, avec hélicoptères et drones, pour décontaminer la zone et brûler les cadavres des animaux infectés.
Près de 160 éleveurs de rennes nomades ont été évacués et plus de 2300 rennes contaminés sont morts.
Une épidémie d’anthrax en Sibérie tue 1500 rennes avec la fonte du permafrost
Une épidémie d’anthrax touche des troupeaux de rennes en Sibérie, certainement à cause de la fonte du permafrost (image d’illustration) | AFP
Le HuffPost | Par Grégory Rozière
SCIENCE – Une des conséquences du réchauffement climatique est la fonte du permafrost, ce sol éternellement gelé, que l’on trouve notamment au Groenland, en Alaska ou encore en Russie. En Sibérie, notamment, la fonte de cette couche de glace sur laquelle pousse la terre provoque la libération de gaz, tel le méthane, et crée des cratères dans le sol ou encore des bulles incroyables.
Si ces gaz représentent un danger à long terme pour le climat, le sol sibérien commence à libérer d’autres substances très dangereuses. Ainsi, depuis une semaine, au moins 1500 rennes ont été tuées dans la péninsule de Yamal, intoxiquées par de l’anthrax, rapporte le Washington Post.
63 personnes ont été placées en quarantaine et 40, pour la plupart des enfants,hospitalisées de manière préventive, précise le site pro-Kremlin RT. L’état d’urgence a été déclaré lundi 25 juillet par le gouverneur de la région. Depuis, des militaires sont arrivés sur place pour décontaminer la zone, notamment en enlevant les carcasses des animaux morts à cause de l’anthrax, toujours selon RT.
Une carcasse contaminée vieille de 75 ans décongelée
C’est la première fois que l’anthrax tue de cette sorte en Sibérie depuis 1941. Selon NBCNews, l’origine de l’épidémie serait due à une carcasse de renne vieille de plusieurs décennies. Celle-ci aurait été décongelée avec la fonte du pergélisol (permafrost) sibérien.
Il faut dire que l’été en Sibérie pour ce mois de juillet a été extrêmement chaud: 35°C contre 17°C en moyenne. Une température qui a d’ailleurs affaibli les rennes, précise le site. L’anthrax arrive à survivre à des températures très faibles, dans une sorte d’hibernation. Puis, quand celles-ci remontent, les bactéries redeviennent infectieuses.
Le Washington Post précise que d’autres épidémies sont possibles. En 2011, deux chercheurs russes ont travaillé sur le risque posé par le réchauffement climatique et la fonte du pergélisol sur une résurgence de contamination à l’anthrax. Ceux-ci rappelaient que quelque 200 cimetières d’animaux à l’est de la péninsule de Yamal étaient contaminés par l’anthrax et que la bactérie pouvait survivre plus de 100 ans dans le sol gelé.
De pire en pire cette histoire de réchauffement.