Les traitements médicaux sont généralement unisexes, pourtant, il y a une grande différence entre homme et femme même en santé En France, l’Académie de médecine dénonce le fait que les recherches ne sont pas assez représentatives pour les femmes qui en résultent à des traitements souvent inadéquats
Nuage
Demain, une médecine sexuellement différenciée ?

Les hommes et les femmes réagissent différemment aux maladies comme aux traitements et ne devraient donc pas être traités de la même manière. ©Mood Board / Rex Featur/REX/SIPA
Par Sylvie Riou-Milliot
L’Académie française de médecine plaide pour des soins adaptés au sexe, estimant que les différences biologiques entre hommes et femmes ne sont pas assez prises en compte.
MOBILISATION. Non, une femme et un homme, ce n’est définitivement pas pareil. Et ces différences biologiques devraient être mieux prises en considération afin de répondre aux besoins de santé des un(e)s et des autres. Pour la première fois en France, une institution de santé, l’Académie de médecine, alerte sur cette question. Une mobilisation qui n’a pas été accueillie sans vagues dans une institution qui ne compte que quelques rares titulaires femmes…
Car, oui, les hommes et les femmes réagissent différemment et ne devraient donc pas être traités de la même manière. Aujourd’hui, celles-ci restent non seulement sous-représentées dans les essais cliniques mais les mécanismes physiopathologiques des affections sont différents. Résultat, une même pathologie peut s’exprimer avec des symptômes très différents. Exemple avec l’infarctus du myocarde (voir encadré).
Et l’Académie d’insister sur la différence d’approche de l’Hexagone par rapport à d’autres pays. Par exemple outre-Rhin, où à l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin depuis bientôt dix ans, l’institut de Gender in Medicine (GIM) intègre systématiquement cette médecine sexuée au cours de colloques, dans son programme d’études médicales avec un module de formation destiné aux étudiants de troisième cycle et aussi dans la formation médicale continue. La plate-forme est gratuite (en anglais ). De plus, une base de données est aussi en cours d’élaboration incluant des spécialités comme la cardiologie, la neurologie ou l’endocrinologie.
Une différence de prise en charge préjudiciable pour la santé publique
Pour l’Académie de médecine, c’est un exemple à suivre, et il y a même urgence car ces différences de prise en charge entre hommes et femmes risquent d’être préjudiciables pour la santé publique en France.
« Dès la conception, l’embryon mâle ne se comporte pas de la même manière que l’embryon femelle, détaille le Pr Claudine Junien, professeur émérite de génétique médicale et membre de l’académie. La vision actuelle de la différenciation sexuelle est obsolète et il est temps d’évoluer. Pour cela, il faut en finir avec la recherche unisexe, comprendre les différences de physiopathologie des maladies, mettre au point des outils diagnostiques adaptés et bien sûr former les futurs médecins à ces spécificités. »
C’est pourquoi, dans l’intérêt de toutes et de tous et afin que cette médecine différenciée entre dans les mœurs, l’académie plaide pour une révision des principes de la recherche fondamentale et clinique, appelle à des études qui tiennent compte du sexe, de fournir des efforts d’information et de pédagogie, tant auprès du public que des médecins, pour que cette médecine différenciée entre dans les mœurs. Pas mal de travail reste à fournir quand on sait que les plaintes émanant des femmes sont plus souvent banalisées que celles des hommes.
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XX et XY, pas égaux devant un infarctus
Hommes et femmes ne sont pas égaux devant l’infarctus du myocarde. Quelques différences :
– Les symptômes sont plus discrets chez la femme et mal connus, tant par les femmes que par les médecins. La « grande » douleur qui serre la poitrine en étau, les sueurs, les irradiations dans le bras, la mâchoire, autant de signes XY. Chez les femmes, l’infarctus se traduit souvent de manière beaucoup plus discrète : un essoufflement, une douleur plutôt dorsale, des palpitations ou encore une fatigue inhabituelle, des troubles du sommeil.
– Ils sont diagnostiqués plus vite chez l’homme.
– La mortalité par infarctus a davantage diminué chez les hommes que chez les femmes.
– Les femmes sont moins bien prises en charge.
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