Un nouveau type de météorite intrigue les scientifiques


En Suède, un nouveau type de météorite a été retrouvé qui est tombé il y a 470 millions d’années. Une coïncidence avec l’émergence de la biodiversité marine à peu près à la même époque ?
Nuage

 

Un nouveau type de météorite intrigue les scientifiques

 

Une vue d’artiste montrant la collision violente entre deux astéroïdes. De nombreux débris sont produits, dont certains retomberont un jour sur Terre. Celles que l’on nomme des chondrites ordinaires constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées à ce jour sur notre planète. © Nasa

Une vue d’artiste montrant la collision violente entre deux astéroïdes. De nombreux débris sont produits, dont certains retomberont un jour sur Terre. Celles que l’on nomme des chondrites ordinaires constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées à ce jour sur notre planète. © Nasa

Laurent Sacco

On a collecté environ 50.000 météorites sur Terre mais celle retrouvée dans une carrière suédoise, piégée dans du calcaire qui s’est déposé il y a 470 millions d’années, ne ressemble à aucune autre.  Cette découverte nous donne peut-être des informations précieuses et inédites sur l’histoire de la biosphère et du Système solaire.

Il y a entre 485 et 460 millions d’années environ, la diversité de la vie marine a augmenté comme jamais et c’est pourquoi on appelle ce moment de l’histoire de la biosphère la grande biodiversification ordovicienne (en anglais Great Ordovician Biodiversification Event ou GOBE), ou encore l’explosion ordovicienne.

Les calcaires retrouvés dans la carrière de Thorsberg, dans le sud de la Suède, datent de cette période, plus précisément de l’Ordovicien moyen qui s’étend de 470 à 458 millions d’années environ. Depuis le début des années 1990, elle a livré une centaine de météorites dites fossiles car, bien qu’elles aient été altérées, elles ont visiblement bénéficié de conditions d’enfouissement qui leur ont permis de traverser les âges jusqu’à nous.

Jusqu’à 2011, les chercheurs n’avaient découvert qu’un seul type de météorites, des chondritesordinaires de type L qui constituent environ 35 % de l’ensemble des météorites cataloguées, et 40 % des chondrites ordinaires qui constituent 87 % des quelque 50.000 météorites collectées sur Terre. On pense que les chondrites ordinaires proviennent d’un petit nombre de collisions récentes d’astéroïdes, récentes à l’échelle de l’histoire du Système solaire bien sûr. En fait, comme on distingue trois groupes de ces chondrites, H, L et LL, elles devraient provenir de trois principaux corps parents.

Mais dans le cas de la carrière de Thorsberg, la quantité de chondrites retrouvées ne s’explique que par une augmentation brutale du flux de météorites. La mécanique céleste laisse même penser qu’elles sont issues d’un gros d’astéroïde d’environ 100 kilomètres de diamètre qui aurait subi l’impact d’un corps céleste plus petit.

La météorite Österplana 065 a pour dimension de 8 × 6,5 × 2 cm de large. Elle est entourée d'un halo gris dans du calcaire autrement rouge donc oxydé. On pense que l'oxygène a été consommé par l'altération de la météorite alors au fond de la mer de l'Ordovicien où se déposait les sédiments. La pièce de monnaie dans l'image a un diamètre de 2,5 cm.
La météorite Österplana 065 a pour dimension de 8 × 6,5 × 2 cm de large. Elle est entourée d’un halo gris dans du calcaire autrement rouge, donc oxydé. On pense que l’oxygène a été consommé par l’altération de la météorite alors au fond de la mer de l’Ordovicien où se déposaient les sédiments. La pièce de monnaie a un diamètre de 2,5 cm. © Birger Schmitz

L’explosion ordovicienne a-t-elle été causée par une pluie de météorites ?

Tout change donc en 2011 avec la découverte d’une nouvelle météorite qui rentrait mal dans les types connus, même si elle avait été rapprochée des winonaïtes, des achondrites primitives relativement rares, composées de larges cristaux de pyroxène, d’olivine et de sulfures mixtes defer et de nickel. Or, un groupe de chercheurs suédois et états-uniens vient de publier un article dans Nature Communications qui confirme ce dont ils se doutaient. Il s’agit d’un tout nouveau type de météorite jamais rencontré auparavant. Il s’agit probablement d’un fragment de l’impacteur qui a propulsé dans l’espace les chondrites L retrouvées en Suède.

Baptisée Österplana 065 (Öst 65) conformément aux conventions de la Meteoritical Society, c’est-à-dire du nom de la localité où elle a été trouvée (Österplana), on sait qu’elle a voyagé dans l’espace interplanétaire pendant environ un million d’années avant de rejoindre le fond des mers de l’Ordovicien, il y a 470 millions d’années. En effet, lors d’une collision entre astéroïdes, les fragments produits sont soumis aux rayons cosmiques puisqu’ils proviennent de l’intérieur du corps parent. Ces rayons modifient la matière et il est donc possible d’en déduire un temps d’exposition. C’est l’analyse précise des isotopes d’oxygène et de chrome de Öst 65 qui a finalement permis de la différencier nettement de toutes les météorites retrouvées à ce jour.

La découverte est intéressante à plus d’un titre. D’abord elle nous dit que les types de météorites qui tombent sur Terre depuis des milliards d’années ne sont pas forcément les mêmes, ce qui ouvre des perspectives quant à des découvertes sur ce qui s’est passé dans la ceinture d’astéroïdes et donc plus généralement, l’histoire du Système solaire. Enfin, il est tentant de relier le pic de bombardement météoritique découvert dans la carrière de Thorsberg, et que semblent accompagner des cratères d’impact alignés aux États-Unis comme ceux de Ames et Rock Elm, à la grande biodiversification ordovicienne.

http://www.futura-sciences.com/

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