Il est difficile de ne pas avoir de jugement de valeur face à ce genre de comportement. Pour ma part, je veux bien avoir l’esprit ouvert, mais je n’y arrive pas
Nuage
Ces hommes qui veulent littéralement vivre comme des chiens
Extrait du documentaire «Secret Life of the Human Pups», sur Channel 4.
Repéré par Vincent Manilève
Depuis une quinzaine d’années, la communauté des «Human Pups» ne cesse de s’étendre grâce à internet.
Quand on les voit pour la première fois, difficile de cacher sa fascination pour leur mode de vie. Qui sont ces hommes qui, un jour, ont décidé de s’habiller et de se comporter comme des chiens? D’où viennent-ils? Quels sont leurs réseaux? C’est ce qu’ont essayé de comprendre les auteurs du documentaire Secret Life of the Human Pups, diffusé le 25 mai sur la chaîne britannique Channel 4.
Le «puppy play» (ou jeu de rôle animal) vient de la communauté BDSM et son nombre d’adeptes a explosé ces quinze dernières années grâce à internet, qui a permis à des gens ayant le même genre d’envies d’entrer en contact.
Sur son site, le Guardian explique que ce groupe est plutôt constitué «d’hommes, homosexuels, qui aiment s’habiller avec du cuir, porter des cagoules en forme de tête de chien, les interactions tactiles comme les caresses sur le ventre ou les chatouilles sur les oreilles, s’amuser avec des jouets, manger dans des bols et entretenir des relations avec des “maîtres” humains».
On peut aussi ajouter à la liste le fait que certains aiment aussi faire semblant d’uriner contre des lampadaires ou sautiller pour réclamer des friandises.
La journaliste du Guardian a ainsi rencontré Tom, adepte du puppy play, qui défend ce mode de vie pour ce qu’il a de simple:
«Vous n’avez pas à vous préoccuper de l’argent, de la nourriture ou du travail. C’est juste une chance pour apprécier la compagnie des autres à un niveau très simple.»
Pour assumer sa nouvelle vie, il a rompu avec sa fiancée et a entamé une relation avec Colin, son nouveau maître rencontré sur internet.
Pas nécessairement sexuel
Kaz, autre adepte, répond aux questions du journal sur la partie purement sexuelle, notamment à propos de sa tenue en cuir qui en intrigue plus d’un:
«Les gens pensent immédiatement que c’est la tenue que je porte pour le sexe. On m’a déjà posé des questions horribles, notamment si j’aimais faire l’amour avec des chiens. Mais il ne s’agit en rien de cela, et ce n’est pas toujours sexuel. Avec les membres de ma meute nous passons beaucoup de temps ensemble à la maison à être juste des chiens. Nous sommes neuf et mon partenaire est notre maître. Une grande partie de tout ça est un sentiment d’appartenance à une famille; on est là pour prendre soin les uns des autres.»
Le site NEPups écrit par ailleurs que «ce n’est pas nécessairement sexuel, mais que cela peut l’être pour certains, et pour d’autres il s’agit de libérer la partie animale qui est en soi».
Mais comment expliquer que ces personnes décident un jour d’être un animal de compagnie?
Pour David, académicien et membre de cette communauté, il s’agit d’un mode «prérationnel, préconscient». «C’est un espace émotionnel instinctif, explique-t-il encore. Dans chaque toutou, il y a une personne. C’est une partie de mon identité, mais seulement une partie. Je suis aussi végétarien, je joue du piano, j’ai un perroquet. Je plantais des tomates dans ma parcelle ce matin. Je peux vivre des mois sans aller dans mon espace de puppy play.»
Et c’est aussi pour cela que le documentaire de Channel 4 a été réalisé: pour lutter contre les clichés et montrer que les membres de cette communauté sont des gens comme les autres.
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