Cela sert à quelque chose de regarder les séries policières à la télévision. Bon, un crime ne se résout pas en 60 minutes, mais au moins, les méthodes dans les séries se rapprochent de la réalité
Nuage
Fan de la série « Les Experts », elle aide la police à résoudre un crime
PAR ALEXANDRE ROUSSET
S’inspirant de la série américaine, une gardienne d’un parc de Séville a préservé les preuves qui ont permis de confondre l’assassin d’une jeune femme.
Sa méticulosité aura permis de résoudre un crime. Carmen Moreno, gardienne du célèbre parc de María Luisa de Séville, dans le sud de l’Espagne, a récolté et conservé des preuves inestimables d’une scène de crime négligée par la police. Elle dit s’être inspirée de la série policière Les Experts, dont elle est fan.
Tout a commencé dans la nuit du 23 février lorsque les policiers découvrent le corps d’une jeune femme de 31 ans, prénommée Sara, près d’un banc du parc. Ils découvrent une lettre dans son sac à main. Elle y explique qu’elle traverse une grave dépression à la suite d’une déception amoureuse et qu’elle a avalé une forte quantité de tranquillisants. Les policiers concluent donc à un suicide.
Venue nettoyer les alentours du banc après le départ des enquêteurs, Carmen Moreno découvre sur place des morceaux de tissu imbibés de sang. Se souvenant des manipulations de la police scientifique dans sa série préférée, elle récolte minutieusement les preuves :
« Derrière le banc où on a retrouvé la victime, j’ai aperçu des morceaux de tissu ensanglantés et des protège-slips, détaille-t-elle. D’habitude, je porte des gants mais je n’en avais pas sur moi ce jour-là. Comme je suis une grande fan des Experts, j’ai attrapé les preuves avec la main emballée dans un sac pour ne pas les contaminer avec mon ADN puis je les ai mis dans d’autres petits sacs blancs fermés d’un nœud. Enfin, j’ai tout réuni dans un sac plus grand. »
L’autopsie contredit la police
La gardienne du parc se dit alors troublée par la négligence des policiers :
« Ça m’a beaucoup étonnée qu’ils n’aient pas ramassé tout cela car il y avait aussi des taches de sang sur le banc », se remémore-t-elle.
Elle décide donc de conserver les preuves. Un bon réflexe car l’autopsie du corps de la victime va totalement chambouler les conclusions de l’enquête. Si la victime a bien ingéré des médicaments, elle n’a pas succombé d’une overdose. Elle a été brutalement violée par un individu alors qu’elle était groggy. C’est la violence de cette agression qui a causé la mort de la jeune femme.
Les policiers ayant compris leur erreur, ils se mettent à la recherche des preuves. Alors en congé, Carmen Moreno reçoit un coup de téléphone de son patron.
« Je leur ai dit exactement où j’avais conservé les sacs et ils les ont trouvés tout de suite », détaille-t-elle.
En analysant les échantillons, les enquêteurs ont réussi à isoler un ADN. Celui-ci appartient à un homme de 46 ans, déjà connu des services de police pour des faits de violence et d’agressions envers des femmes. Le procureur de Séville a tenu à féliciter Carmen Moreno en personne, précisant que sans cette preuve médico-légale, il aurait été impossible de résoudre ce crime.