Notre cerveau est parfois bien étrange. Après un conditionnement à un faux médicament, les effets peuvent continuer même si le patient apprend au bout de quelques jours qu’il prend des placebos.
Nuage
Un médicament placebo soigne, même quand le patient sait qu’il est inutile
Même s’il a été décrié pendant longtemps, l’effet placebo continue d’intriguer les scientifiques.
Photo : Seth Wenig/AP/SIPA
Des scientifiques américains ont démontré que la prise d’un placebo soulage même quand le patient sait que le médicament ne contient aucun principe actif et n’a donc aucune efficacité démontrée.
La santé passe aussi par la tête. Même s’il a été décrié pendant longtemps, l’effet placebo continue d’intriguer les scientifiques. Aussi curieux soit-il, ce phénomène révèle l’étonnant lien entre le corps et l’esprit. De nombreux travaux scientifiques ont montré des bénéfices importants chez les patients après la prise d’une substance dont les effets pharmacologiques n’ont pourtant jamais été démontrés. Et cela même si le patient le sait ! Telle est la conclusion d’une nouvelle étude menée par une équipe de scientifiques de l’Université du Colorado à Boulder aux Etats-Unis, parue dans la revue The Journal of Pain.
Explications.
► Méthodologie : un faux médicament qui ressemble à un vrai
Les scientifiques ont suivi un groupe de 40 volontaires en leur expliquant qu’ils participaient à des essais cliniques pour comparer l’efficacité d’une crème contenant un composant analgésique pour soulager les douleurs en la comparant avec une crème ne contenant aucune substance antalgique. En réalité, les deux crèmes étaient identiques. La seule différence était l’ajout d’un colorant bleu dans la crème placebo.
Pour les persuader qu’il s’agissait bien d’un vrai médicament, les chercheurs ont demandé aux participants de lire la composition du produit, tout en leur indiquant les contre-indications, ainsi que les effets secondaires possibles. Même l’emballage ressemblait à celui d’un vrai. Pour finir, les chercheurs ont provoqué une douleur sur l’avant-bras des volontaires, via une source de chaleur mais sans leur brûler la peau. Aucun cobaye n’a été maltraité pendant l’expérience, précise l’équipe de scientifiques. La fausse crème devait alors leur permettre de soulager la douleur ressentie. Au bout de quatre jours, les scientifiques ont révélé aux cobayes qu’il s’agissait en réalité d’un placebo.
► Ce que l’étude a montré : le conditionnement du patient est indispensable
Résultat, l’effet analgésique de la fausse crème continuait d’agir, même quand les volontaires ont appris au bout de quatre jours qu’ils prenaient un placebo, mais uniquement parmi ceux qui avaient été conditionnés pendant quatre jours. Autrement dit, pour que l’effet placebo fonctionne, une phase de conditionnement suffisamment longue semble nécessaire. Les résultats de l’étude suggèrent donc que pour fonctionner, l’effet placebo doit davantage passer par le conditionnement du patient, plus que sur l’attente du patient d’être soulagé.
La raison ? Il faut permettre au cerveau d’apprendre à réagir au traitement.
« Une fois que l’apprentissage a eu lieu, le cerveau répond toujours au placebo même si vous n’y croyez plus », confirme Tor Wager, l’un des auteurs de l’étude.
Pour Scoot Schafer, qui a dirigé les travaux, « les placebos induisent la libération de substances qui soulagent la douleur dans leur cerveau, mais nous ne savons pas encore si cet effet placebo dépendant des attentes utilise le même système ou des systèmes différents ».
► Ce que l’étude va changer : mieux prévenir la dépendance aux médicaments
D’après les chercheurs, les conclusions de leurs travaux pourraient aider à mieux prévenir et traiter la dépendance à certains médicaments. Il est courant par exemple que les patients continuent de prendre des antidouleurs puissants à la suite d’une opération, ce qui peut entraîner une addiction. Il serait alors possible de les sevrer en utilisant un effet placebo. Cependant, de récentes études montrent que notre sensibilité aux traitements par placebo est influencée par notre bagage génétique. Autrement dit, nous ne sommes pas tous égaux devant l’effet placebo.
Et pourtant, les nouveaux médicaments sont aujourd’hui systématiquement évalués par rapport à un effet placebo. Un groupe de patients reçoit la molécule à tester et l’autre groupe le placebo, sans que les participants ne soient informés de qui reçoit quoi. A l’issue de l’essai, on détermine si l’état de santé des personnes ayant reçu la molécule active s’est davantage amélioré que celui des personnes sous placebo. Il serait donc peut être bon, avant tout chose, de réviser notre manière de mener des essais cliniques.
Pour toutes les maladies ? Sceptiqure moi ….Même les médicaments génériques que j’ai testés n’ont pas fait l’effet escompté au début : Je devais alterner générique et vrai ; Avec le temps , et ma façon toute personnelle de gérer ce traitement , les génériques font leur effet…
F.
Ce n’est pas écrit pour toutes les maladies et les médicaments génériques n’ont pas rapport ici car ils ne sont pas des placebo, un médicament générique est un produit presqu’identique au médicament d’origine.
En plus le placebo ne fonctionne pas pour tout le monde …
Docteur Robert Moore: Une illusion qu’on appelle maladie