Dire que nous avons un garde-manger à porter de la main et qu’en plus d’être nutritif, il est gratuit, on lève vite le nez ! D’un autre côté, on mange des insectes à notre insu, mais on ne le sait pas. Alors une petite faim ?
Nuage
Le hanneton, cet insecte aux vertus nutritives qui se mange
Un professeur de l’Université de Moncton présente les vertus nutritives du hanneton en cette période où cet insecte frappe aux fenêtres en soirée.
Le hanneton est un insecte mal aimé et bruyant que Gaétan Moreau, professeur d’écologie, a apprêté avec du carry et du sirop d’érable lors d’une dégustation impromptue, vendredi, dans le campus.
« C’est un insecte qui a une capacité de vol assez réduite, assez horrible vraiment, et qui est fortement attiré par les lumières, ce qui explique pourquoi on le retrouve sur les pourtours des maisons », explique M. Moreau.
Le coléoptère a un cycle de vie de trois ans. Il sort de terre lors du dégel profond. C’est pourquoi il apparait à la fin de mai ou au début de juin. Un bon nombre d’oiseaux ainsi que les chauve-souris se nourrissent de hannetons.
« Il y a une grande diversité d’organismes en fait qui vont en profiter. Peut-être les seuls organismes qui n’aiment pas vraiment le manger, c’est nous », indique le professeur Moreau.
« Il a un petit goût de maïs soufflé. » — Gaétan Moreau, professeur d’écologie des insectes
« C’est culturel, carrément culturel. L’entomophagie, c’est de s’alimenter à partir d’insectes ou avoir à intégrer des insectes dans son alimentation », précise M. Moreau.
Les hannetons sont très nutritifs. « À cause de sa forme, à cause qu’il est plutôt sphérique, il va renfermer beaucoup plus de nutriments qu’un autre coléoptère qui est plutôt aplati », souligne Gaétan Moreau.
« Si vous ramassez dans votre assiette autant de june bugs que votre steak, vous allez chercher beaucoup plus de protéines, beaucoup moins de gras. Vous allez chercher des omégas 3, un paquet de choses qui sont bonnes pour notre alimentation. »
— Gaétan Moreau, professeur d’écologie des insectes
Sans le savoir, tout le monde mange des insectes. « On mange environ pas loin d’une livre d’insectes par année, tout le monde. Dans la farine, entre autres, on va retrouver des parties d’insectes », explique M. Moreau.
Pour diminuer le nombre de hannetons sur sa propriété, on peut laisser pousser le gazon tôt au printemps, ce qui rend plus difficile pour eux la ponte des oeufs. On peut aussi favoriser les prédateurs en installant des cabanes d’oiseaux, ou encore faire comme Gaétan Moreau et plusieurs curieux rassemblés autour de lui : les manger tout simplement.
« On pourrait aller chercher à faible coût une quantité de protéines de beaucoup supérieure à celle de la viande. Il faudrait juste vaincre nos limites, nos petits blocages psychologiques », conclut le professeur Moreau.
D’après un reportage d’Amélie Gosselin