Le plus vieux meurtre que les scientifiques pensent avoir découvert se passe bien avant l’homme du Neandertal.Malheureusement, étant donné l’âge des os, il sera impossible de résoudre avec certitude l’enquête. Ce sera donc, le plus vieux crime non résolu
Nuage
Un crime vieux de 430 000 ans découvert ?
Ci-dessus, le crâne humain Cranium 17, présentant deux blessures au-dessus de l’œil gauche. Crédits : Plos One
Par Nicolas Revoy
Une étude menée sur un crâne humain vieux de 430.000 ans suggère que l’individu a été intentionnellement tué par un congénère. Si l’hypothèse se voit confirmée, il s’agirait ni plus ni moins du meurtre le plus ancien connu à ce jour.
La scène se déroule il y a 430.000 ans, dans le nord de l’actuelle Espagne. Un humain appartenant à l’espèce Homo heidelbergensis (une espèce humaine précurseur de l’homme de Neandertal et de l’homme moderne, ayant vécu de -700.000 à -200.000 ans) est attaqué par l’un de ses congénères. Muni d’un objet contondant, l’agresseur frappe violemment sa victime à deux reprises au-dessus de l’œil gauche, fracturant son crâne et causant sa mort. Une fois mort, l’individu est alors déposé par ses proches dans une sorte de fosse commune, bien connue des préhistoriens : la « Grotte aux Os » (Sima de los Huesos), située sur le site préhistorique d’Atapuerca (Espagne).
Cette scène de crime a été reconstruite grâce à de patients travaux menés par le préhistorien Nohemi Sala (Université de Complutense à Madrid, Espagne) et ses collègues sur Cranium 17, l’un des crânes humains découverts dans la Grotte aux os, appartenant à un ensemble de 28 restes humains distincts.
Comment les préhistoriens ont-ils acquis la conviction qu’il s’agissait là bel et bien d’un meurtre, et non d’un accident ? Plusieurs éléments plaident en faveur d’un acte commis intentionnellement. Tout d’abord, il y a l’emplacement des deux fractures, situées sur le devant du crâne et non sur les côtés : une configuration suggérant que ces blessures proviennent d’un affrontement en face à face, plutôt que d’un accident dont les blessures, selon les auteurs de l’étude, sont généralement situées sur les côtés du crâne.
Autre élément troublant : la forme et la taille des deux fractures, dont tout indique qu’elles ont été commises à l’aide du même objet. Cette similarité entre les deux blessures vient donc affaiblir encore la thèse de l’accident, un coup reçu à deux reprises de façon accidentelle paraissant en effet peu probable.
Si des preuves plus récentes de meurtres commis par nos ancêtres avaient déjà été mises au jour (lire « Les guerres préhistoriques » sur Sciences Humaines), ce probable meurtre révélé par cette nouvelle étude est de loin le plus ancien connu à ce jour. Un résultat qui vient montrer, si besoin était, que la violence est bel et bien consubstantielle à l’homme…
Cette étude a été publiée le 27 mai 2015 dans la revue Plos One, sous le titre « Lethal Interpersonal Violence in the Middle Pleistocene ».