Il y a un ingrédient dans certains produits d’hygiènes et crèmes solaires qui pourraient provoquer des allergies, C’est la petite bête noire des dermatologues
Nuage
Le méthylisothiazolinone, un ennemi si près de vous
Un texte de François Dallaire
Les consommateurs devraient se méfier d’un agent de conservation que l’on trouve dans de nombreux articles d’hygiène de la maison. Son nom : le méthylisothiazolinone. Il vous est sûrement inconnu, mais il fait des ravages partout dans le monde.
« Tu es là dans la salle d’attente, les gens te demandent : « avec quoi vous vous êtes brûlée? » Je ne voulais plus vivre ça. »
— Sylvie Brulotte
Sylvie Brulotte a beaucoup souffert au cours des trois derniers étés. Son visage rougissait, enflait de partout, au point que ses yeux n’arrivaient presque plus à s’ouvrir le matin.
« J’ai brûlé à trois reprises, j’ai pleumé, j’ai pris des pilules de cortisone pour désenfler. Je ne savais plus quoi faire. »
— Sylvie Brulotte
Son médecin croyait qu’elle était simplement sensible aux rayons du soleil. Pour prévenir le risque de brûlure, il lui recommandait de mettre davantage de crème solaire sur son visage, même lorsqu’elle se trouvait à l’intérieur de la maison.
« On me disait : « même si vous restez dans la maison, vous avez des fenêtres, vous passez devant des fenêtres, mettez de la crème solaire ». »
— Sylvie Brulotte
Son médecin initial l’ignorait, mais elle était allergique au méthylisothiazolinone, un agent de conservation qui se trouve dans sa crème solaire.
« Alors c’est ce que je faisais, mais sans le savoir : j’accentuais le problème définitivement », dit-elle.
Selon Denis Sasseville, dermatologue de réputation internationale, 10 % de ses patients en sont affectés.
« Dans tous les agents de conservation utilisés dans les cosmétiques maintenant […], c’est le méthylisothiazolinone qui est notre bête noire. »
— Dr Sasseville
Le méthylisothiazolinone se trouve dans des centaines d’articles d’hygiène et de cosmétiques, tels que le savon à mains industriel dont se servait Jean-François Martineau, pressier dans une imprimerie.
« Sur des shifts de 12 heures, on peut se laver les mains 12, 15 fois par quart de travail. Donc, je me lavais souvent les mains. Ça finissait par faire craquer mes mains, ça saignait, et puis, à un moment donné, tu n’es plus capable de travailler », raconte-t-il.
Denis Sasseville, comme d’autres dermatologues à travers le monde, presse le gouvernement d’interdire cet agent de conservation, ou à tout le moins d’en réduire la concentration dans certains de ces articles.
« On préconise en fait l’abandon du méthylisothiazolinone dans les produits qui demeurent sur la peau et une réduction très importante de la concentration dans les produits à rincer comme les savons et les shampoings. »
— Denis Sasseville
On ne retrouve qu’une petite goutte de méthylisothiazolinone dans un flacon de format régulier. La norme canadienne prévoit un maximum de 100 parties par million de méthylisothiazolinone. Mais même cette goutte est jugée non sécuritaire, selon un rapport d’experts européens. Santé Canada révise présentement sa position sur cet agent de conservation.