Un projet de nouveau radar qui serait pédagogique va être essayé au Québec pour faire prendre conscience de la vitesse au volant dans des endroits sensibles comme près des écoles. Cela va-t-il vraiment changer le comportement des amateurs de vitesse ?
Nuage
Des radars «pédagogiques» bientôt le long des routes
Les radars pédagogiques sont utilisés depuis quelques années en Europe, notamment en Belgique. Le message de prévention passe donc par la tête et non par le portefeuille.
WIKIMEDIA COMMONS, JAMAIN
ANNIE MORIN
Le Soleil
(Québec) Le ministère des Transports du Québec (MTQ) ajoutera bientôt des radars «pédagogiques» le long des routes du Québec. Ces appareils électroniques indiqueront la vitesse des automobilistes en rouge, jaune ou vert, selon l’écart constaté avec la limite prescrite, et leur lanceront des messages dans le but de les faire ralentir. Ils ne généreront pas de contraventions.
Les radars pédagogiques se rapprochent davantage des stèles radars, souvent installées près des écoles pour décourager les excès de vitesse, que des radars classiques à vocation répressive.
Il s’agit de capteurs de vitesse doublés d’un écran qui calculent et affichent la vitesse des véhicules qui les croisent. Le modèle ciblé par le MTQ utilise un code de couleurs permettant au conducteur d’évaluer son comportement. Rouge, il roule trop vite. Jaune, il respecte la limite de vitesse. Vert, il n’atteint pas cette limite.
S’ajoutent de brefs messages pour inciter les contrevenants à lever le pied. Quelques mots ont été présélectionnés par le MTQ. La banque devra minimalement contenir : danger, ralentir, prudence, attention et école.
Le message passe donc par la tête et non le portefeuille, contrairement aux radars photo, qui prennent des clichés des véhicules dépassant les limites de vitesse, lesquels mènent à des constats d’infraction et des amendes.
Populaires en Europe
En Europe, les radars pédagogiques sont utilisés couramment depuis quelques années. En France seulement, il y en avait 889 en date du 1er mars. Certains modèles arborent des bonshommes sourires ou des bonshommes fâchés selon la vitesse détectée. D’autres indiquent le montant de l’amende et le nombre de points d’inaptitude qui auraient été récoltés si un policier était passé par là. D’autres encore permettent d’accumuler des statistiques sur la circulation à l’endroit surveillé.
Les radars pédagogiques peuvent aussi remplacer les affiches prévenant de la présence imminente d’un radar photo. Cette pratique a toutefois été délaissée en France. Il n’est pas question de l’implanter au Québec.
L’appel d’offres lancé par le MTQ la semaine dernière prévoit l’acquisition de neuf radars pédagogiques avec une option d’achat pour trois appareils supplémentaires.
«Le Ministère va lancer un projet pilote à l’échelle nationale en ciblant cinq sites avec des problématiques de vitesse et/ou d’accidents. L’objectif recherché est de valider dans quelle mesure les radars pédagogiques influencent à la baisse la vitesse des conducteurs», a précisé mardi au Soleil Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ.
Les endroits où seront installés les nouveaux radars pédagogiques seront identifiés ultérieurement. Il est déjà acquis qu’il s’agit de zones scolaires ou affichant des limites de vitesse de 50 kilomètres/heure ou moins.
Il est stipulé dans les documents gouvernementaux que la portée minimale du capteur de vitesse doit être de 100 mètres, que la marge d’erreur ne doit pas dépasser 2% et que les vitesses allant de 10 à 150 km/h doivent être détectées.
En Europe, des conducteurs téméraires s’amusent à défier les radars pédagogiques pour y faire inscrire des vitesses élevées. Il est toutefois possible de programmer les appareils de façon à ce qu’ils n’affichent pas les résultats excessifs, de façon à décourager ces pratiques dangereuses.
Parmi les autres critères d’achat, il en est un qui est propre au climat québécois : le radar doit «être complètement opérationnel dans la plage de températures – 30 degrés Celsius à 60 degrés Celsius sans en être affecté».
Le fournisseur retenu fera l’installation de l’équipement, mais il n’est pas question de l’entretien. Une garantie de deux ans est exigée. En France, l’installation d’un radar pédagogique est estimée à 6500 euros (8800 $CAN) et son entretien annuel à 1200 euros (1625 $).
L’échéancier québécois n’a pas été détaillé, mais le déploiement devrait se faire rapidement après le choix du sous-traitant.
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