On combat les mots non pas avec les armes, mais avec d’autres mots, mais les mots peuvent avoir un double sens.Où comme moi, les mots sont difficiles à exprimer mes sentiments, ce que je veux dire vraiment, et parfois sont très mal compris. Depuis plusieurs jours, le monde entier s’est tourné vers la France, Plusieurs pays ont été solidaires avec les Français, des rassemblements un peu partout en Occident ont eu lieu dans la paix. D’ailleurs on ne peut que félicité les Français d’avoir réussi à une mobilisation qu’on estime à plus de 3 millions de personnes . Mais voilà, on veut mettre des mots sur les causes, sur les évènements. Les actes terroristes sont faits par des groupes ou des loups solitaires qui se rangent vers des extrémistes. Le KKK est encore actif aux États-Unis, malgré qu’ils se disent chrétiens personnes ne va parler de terroristes chrétiens. Ce groupe a un nom ! Tout le monde comprend la différence. Les chrétiens ne sentent pas obligé de se dissocier de leurs actions car il est clair que cela n’est pas dans leur moralité. Mais les musulmans oui, car pour eux, le terroriste ne fait pas parti de leurs valeurs
Nuage
Les mots
Lise Ravary
Quand frappe l’horreur, l’horreur au premier regard inexplicable, nous n’avons que les mots pour exprimer nos émotions. Même si, pour paraphraser le philosophe français Jean-Paul Sartre, ils font rarement le poids face aux malheurs des hommes réels.
Il y a ces mots durs, obscènes, qui font irruption dans nos têtes, mais qu’on ne prononce qu’entre proches, et encore. En public, ils sont filtrés par la décence, le bon goût ou la rectitude politique. Mais parfois, ils nous échappent, l’œuvre de la colère ou de l’ignorance.
Mais ces mots parfois creux, parfois féconds avec lesquels nous jonglons pour comprendre ne tombent pas du ciel: ils sortent de notre culture, de nos expériences, de nos croyances.
Les mots de l’âme
Je pense au maire Jean Tremblay de Saguenay qui, injustement, est passé à la trappe des réseaux sociaux pour avoir dit que les événements en France étaient l’œuvre du diable. Un mot normal dans la bouche d’un chrétien pour décrire le Mal. Ma grand-mère aurait parlé du «malin». Un agnostique, ou un croyant plus timide, aurait plutôt choisi le mot «Mal», plus socialement acceptable que diable, mais suspect chez les hyper rationnels qui lui trouvent aussi des odeurs de sacristie. Aucune équation ne prouve l’existence du Mal
Et puis les temps changent: un adolescent m’expliquait récemment qu’aujourd’hui, ce qui est bien ou mal diffère selon chacun. Misère. Certains choisiront des mots tirés des sciences: folie, aliénation, troubles de la personnalité, crise identitaire, qui disent tout et rien.
Les choses s’aggravent quand on se tourne vers les mots du politique pour séparer les bons des méchants. Dans le contexte d’une guerre déclarée entre pays, le bon mot est soldat. Ils sont différenciés par leur nationalité. Boches, Yanks, Tommies, Japs, Ruskies étaient des mots acceptables en 39-45.
Islamiste ou ennemi
Mais dans le conflit actuel aux incarnations multiples, ce sont des mots aux sens tout aussi multiples, comme islamiste, terroriste, djihadiste, qui occupent le terrain. Prenons islamiste, le seul mot juste pour décrire les tueurs parisiens. On le confond avec islamique, l’adjectif qui qualifie ce qui se rapporte à l’islam, architecture islamique, art islamique, etc. Or, islamisme et islamique, pour plusieurs, c’est la même chose. L’apparition de l’État islamique, le Ground Zero de l’islamisme, n’aide pas à la compréhension. Je préfère totalitarisme religieux, mais ce terme savant manque de punch et son synonyme, islamofascisme, appartient au langage de l’extrême droite.
Que dire enfin du controversé «islamophobie», mot dont on attribue la paternité tant à la CIA qu’aux services secrets iraniens? Comme dans:
«Je condamne les attentats, mais il ne faudrait pas céder à l’islamophobie.»
Dans cette phrase, le mot problématique, selon moi, c’est «mais». J’ai choisi mon camp il y a longtemps. Malgré ses innombrables verrues, mon camp, c’est l’Occident, la démocratie, la liberté et la tolérance. Je choisis donc les mots «ennemi», ou «islamiste» dans le cas présent, pour décrire ceux qui s’opposent à ces idées.
Mais pas le mot musulman. Compris?