Manger santé est bien, mais en faire une obsession peut devenir un trouble alimentaire comme l’anorexie, la boulimie qui sont les plus connus. L’orthorexie n’a peut-être pas autant de conséquences sur le corps, mais il y a des conséquences sur le plan psychologique
Nuage
Elle se rendait malade en ne mangeant que santé
Photo Dominique Scali
Sylvie Béliveau passait trois heures par jour à planifier ses repas et elle angoissait à l’idée de manger des aliments malsains. Elle souffrait d’un trouble que les spécialistes rencontrent de plus en plus souvent.
L’orthorexie est un trouble alimentaire qui pousse certaines personnes à organiser leur vie autour d’une nourriture parfaitement santé, quitte à ne plus manger grand-chose.
«Je me suis déjà acheté des légumes et ensuite je les ai jetés parce qu’ils n’étaient pas bios. Je n’étais pas capable de me faire un jus avec», illustre la femme qui donne des cours de stretching et d’éducation par le mouvement du corps à Saint-Hilaire.
«On se sent tellement bien à manger bien. J’avais plus d’énergie», dit la dame de 47 ans.
Par contre, le stress qui accompagnait son mode de vie était nocif.
Folie
Pendant neuf mois, son désir de manger santé a pris des proportions extrêmes.
C’était «à en devenir fou», dit-elle.
Même dans une épicerie spécialisée, faire ses courses lui prenait une éternité, le temps de lire toutes les étiquettes. Après les repas, elle continuait de se demander si elle avait fait le bon choix de nourriture.
Dès qu’elle était dérangée dans sa routine, comme lorsqu’elle devait prendre la route, elle angoissait. La même question la taraudait:
«Qu’est-ce que je vais manger?»
Sa vie sociale a commencé à se dégrader. De peur d’avoir à se nourrir d’aliments malsains, elle s’empêchait d’aller manger au restaurant ou chez d’autres personnes.
Fierté
Pour Sylvie Béliveau, manger santé était une «source de fierté et une façon de performer. Tout est parfait dans mon panier. C’est comme une bonne note à l’école», illustre-t-elle.
Elle a souffert d’anorexie et de boulimie quand elle était adolescente et jeune adulte. Elle croyait que sa tendance au contrôle excessif était derrière elle, mais sa «police intérieure» est revenue pendant l’été 2013, prenant la forme de l’orthorexie.
Elle n’est pas allée jusqu’à se sous-alimenter ou à développer des carences. Sa faim était psychologique.
«J’avais faim de quelque chose qui réconforte. Un repas chaud avec des pâtes.»
C’est à Pâques l’an dernier que le déclic s’est fait. Elle était seule chez elle, loin des membres de sa famille. Elle s’est alors rendu compte qu’elle se privait d’une certaine joie de vivre. Depuis, elle fait l’effort de prendre conscience de ses pensées obsédantes vis-à-vis de la nourriture.
Par exemple, elle mange parfois du chocolat pur à 70 %, alors qu’avant elle ne tolérait rien en deçà de 100 %.
L’alimentation, «il n’y a pas que ça dans la vie!» s’exclame-t-elle.
Elle considère toutefois qu’elle n’est pas complètement guérie de sa maladie.
Une maladie dans l’air du temps
L’orthorexie ne fait pas encore partie du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), la bible des psychiatres. Depuis quelques années, nutritionnistes et psychologues disent toutefois rencontrer de plus en plus de personnes qui en présentent les symptômes.
Ces temps-ci, l’alimentation saine est valorisée socialement, ce qui pourrait expliquer que ce trouble gagne en fréquence.
«On entend beaucoup parler de l’importance de manger santé, des vertus de certains aliments», explique Patricia Groleau, psychologue à la clinique Change de Montréal.
Les personnes qui ont des tendances orthorexiques peuvent se sentir supérieures aux autres lorsqu’elles arrivent à suivre leurs propres règles, indique Mme Groleau.
À l’inverse, elles se sentent faibles, dévalorisées et anxieuses lorsqu’elles les enfreignent, ajoute-t-elle.
«Les règles deviennent de plus en plus restrictives. Un aliment qui était “correct” le mois passé ne l’est plus le suivant.»
Traitement
«Souvent, les gens se tournent vers l’alimentation pour se sentir stabilisés, ce qui, par la bande, peut diminuer le stress ressenti dans d’autres sphères de vie», indique Mme Groleau.
Il y a plusieurs liens à faire entre l’orthorexie et l’anorexie, ces troubles touchant tous au contrôle de l’alimentation, croient certains spécialistes.
Afin d’aider ses clients à surmonter leur orthorexie, Mme Groleau cherche à changer progressivement les comportements qui génèrent de la détresse et les problèmes de fonctionnement au quotidien.
La thérapie vise aussi à travailler sur les fausses croyances et les règles alimentaires que les clients entretiennent.
«Il est important de réitérer qu’il n’existe pas de bons ou de mauvais aliments, tout est une question d’équilibre.»
Exemples de ce qu’elle évite de manger
Sucre
Sel
Gluten
Soya
Produits laitiers
Levure
Blé
Caféine
Additifs
Colorants
Mauvais gras
Viande
Chocolat (sauf si très pur)
Tout ce qui n’est pas biologique
Exemple de dîner type
Un mélange de salade avec des noix, des légumineuses et des germinations. Pas de pain.
Reste-t-il grand-chose qu’on puisse manger?
Bonjour l’angoisse !
Il faut dire que c’est dans l’air du temps , à la mode : Manger bio et équilibré pffff ..et le prix ? ( pour le porte monnaie et la santé ) ….Je crois que si on est en bonne santé , on peut et doit tout manger ( exception faite des aliments contre – indiqués en cas de maladie => l’alcool pour moi par exemple )
Puis notre organisme sait se défendre ,ne lui donner que des aliments bio ,c’est l’affaiblir ………
C’est terrible cette maladie, malheureusement je connais des personnes comme ça.