Les journées plus courtes en hiver affectent beaucoup de personnes et certains ont des troubles affectifs saisonniers (dépression saisonnière). Certains vont jusqu’à s’isoler pendant plusieurs mois, couper tout contact et prendre du poids. Heureusement, aujourd’hui, il existe des moyens simples pour améliorer leur qualité de vie
Nuage
Surmonter les blues de l’hiver
Par Anna Sharratt,
L’envie de dormir commence en septembre pour Ingrid Mraz. Lorsque les journées commencent à se refroidir et à raccourcir, elle a de plus en plus envie de dormir, elle a des envies de sucre et elle se sent anxieuse. Ingrid souffre de troubles affectifs saisonniers ou TAS depuis qu’elle a 31 ans.
«Ce problème fait en sorte que je m’isole du reste du monde pendant au moins la moitié de l’année, et que je mange trop, ce qui me fait prendre du poids; je me sens donc peu attrayante et mes vêtements ne me font plus» explique Ingrid, qui est adjointe aux programmes de l’Association des troubles de l’humeur de l’Ontario (Mood Disorders Association of Ontario).
«Je ne garde pas le contact avec mes amis comme je le fais pendant les mois d’été et les rendez-vous galants représentent tout un défi pour moi, car je ne m’aime pas lorsque je suis dans cet état.»
Ingrid, qui est âgée de 46 ans, souffre de TAS environ huit mois par année, de septembre à mars, au moment où arrive le printemps. Elle souffre d’une forme grave de la maladie, qui touche 2 % des Canadiens, selon Robert Levitan, scientifique chevronné et chef de section au Centre de toxicomanie et de santé mentale à Toronto.
Souffrez-vous de troubles affectifs saisonniers?
Contrairement à Ingrid, de nombreux Canadiens — environ 3 à 5 % — souffrent d’une forme bénigne de troubles affectifs saisonniers, qui sont un état dépressif se manifestant lorsque le nombre d’heures d’ensoleillement diminue, que les journées raccourcissent et que la température baisse brusquement. Chez les personnes qui sont atteintes de TAS, les neurotransmetteurs du cerveau, substances chimiques régulant le sommeil, l’humeur et l’appétit, ne fonctionnent pas normalement, selon l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM). Les personnes qui souffrent de TAS présentent donc les symptômes suivants :
1. Envie de dormir excessive pendant la journée. Dès la fin du mois d’août, mais plus souvent à partir de novembre, les personnes qui souffrent de TAS ressentent un manque d’énergie et une fatigue excessive. Le seul fait de se lever le matin relève du défi.
2. Envie d’aliments riches en sucres et fécules. Si vous vous apercevez soudainement que vous avez constamment envie d’un beigne, d’un bagel, d’un biscuit ou de purée de pommes de terre et que vous consommez beaucoup plus de ces aliments tout en ressentant d’autres symptômes des troubles affectifs saisonniers, il est possible que vous en soyez atteint.
3. Pensées dépressives. Les TAS mènent essentiellement à une dépression clinique bénigne, selon l’ACSM.
4. Décrochage face aux activités sociales. Les personnes qui souffrent de TAS ont souvent le goût d’«hiberner», explique M. Levitan, et évitent de participer à des activités dans le cadre de leur travail, à des soirées ou autres événements sociaux.
5. Anxiété ou désespoir. Dans les cas plus graves de TAS, on peut noter la présence d’irritabilité, d’anxiété et même de désespoir.
6. Prise de poids. Si vous prenez plus que quelques livres seulement à l’arrivée de l’hiver chaque année, c’est possible que ce soit attribuable aux TAS.
Mais il y a une bonne nouvelle. Des traitements existent et peuvent vous aider à fonctionner normalement.
Illuminez votre vie
Heureusement, les personnes atteintes d’une forme bénigne de TAS — et même celles qui sont plus gravement atteintes — répondent à des traitements comme la luminothérapie, la pharmacothérapie ou la psychothérapie.
Le truc qu’on utilise le plus souvent pour faire croire à l’organisme que c’est le printemps ou l’été est l’utilisation d’une lumière vive spéciale qui est filtrée pour éliminer les dangereux rayons UV. M. Levitan recommande de s’exposer à cette lumière pendant une demi-heure chaque matin.
«Si la personne peut se lever à six ou sept heures, c’est encore mieux» explique-t-il, car la lampe lui fournira l’«ensoleillement» supplémentaire dont son organisme a besoin.
La constance est la clé, dit M. Levitan. «Si vous utilisez la lampe à n’importe quel moment de la journée, vous modifiez les signaux que reçoit votre cerveau.»
Cela signifie donc qu’il ne faut pas l’utiliser à 8 heures un matin et à 10 heures le lendemain, par exemple, ce qui pourrait, selon lui, aggraver les symptômes de TAS.
D’autres traitements qui peuvent apporter un soulagement sont les modifications aux habitudes alimentaires, la prise de suppléments comme les Oméga 3 et la vitamine D et l’exercice, qui produit la sérotonine, l’hormone du bien-être. L’acide aminé tryptophane, qui est maintenant disponible sous forme de cachet, favorise aussi le sommeil et la relaxation chez plusieurs des patients de M. Levitan.
Ingrid est allée encore plus loin.
«Depuis que j’ai fait l’acquisition d’une lampe pour la luminothérapie, j’ai aussi acheté un simulateur d’aurore, qui est en fait une lampe en forme de demi-sphère qui s’allume lentement pour simuler l’aube d’une journée radieuse de mai» dit Ingrid.
Elle précise qu’elle utilise cette lampe, qui s’allume juste avant le réveil pour rétablir l’horloge biologique, seulement pendant la période de l’hiver où les journées sont les plus sombres.
Si ces traitements ne fonctionnent pas, il existe aussi des antidépresseurs pour traiter les TAS, explique M. Levitan, de même que la psychothérapie. Mais il rappelle qu’il faut impérativement consulter son médecin avant d’entreprendre n’importe quel traitement.
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