J’ai toujours eu de la difficulté à exprimer mes pensées sur divers sujets non pas que je manque de mots, mais plutôt de clarté dans mes propos, et ce sujet, cette journaliste exprime très bien mon fond de pensée. La grande Guignolée est importante oui, malgré que c’est plus un show qu’autre chose, mais c’est comme cela qu’on finit par atteindre les gens. Pourtant, la pauvreté est présente 12 mois par année et elle comporte plusieurs visages, plusieurs détresses
Nuage
La fête de la pauvreté
Geneviève St-Germain
Ça fait longtemps que la grande guignolée des médias me plonge dans un état de malaise. Être véritablement utile, ça ne ressemble pas à une émission de télé. Il ne suffit pas de se réveiller un beau matin avec l’envie de faire une bonne action, de donner au suivant (sic) pour que la pauvreté s’éradique. Brandir des tirelires aux automobilistes aux abords des stations de télé quand on est une vedette n’est pas condamnable, bien sûr.
Cependant, cette agitation saisonnière sous l’œil des caméras, commentée par une miss Arts et spectacles me semble bien superficielle eu égard à la réalité de la pauvreté dont on parle si peu le reste de l’année. C’est facile de faire appel à la charité publique, en se réjouissant qu’il fasse bien froid ce matin-là, et de dire aux gens: on vous a convaincus, maintenant vous allez donner votre argent! J’en ai même vus, de ces bénévoles médiatiques s’adonner en rigolant à des compétitions de dons à savoir lequel avait réussi à soutirer les plus grosses sommes…
Ce qui est plus compliqué, c’est d’amener les gens à penser différemment, à faire autre chose.
À cet égard, Influences Communications nous apprend que le poids médiatique de la pauvreté n’est pas lourd. En marge de la guignolée des médias, elle représente un quarantième du poids médias des nouvelles technologiques (iPad, iPhone, jeux, etc). Que la météo occupe 10 fois plus de place. Et qu’elle égale le poids médias d’un joueur du Canadien (David Desharnais).
Hors émotion médiatique pré-fabriquée et pression de l’urgence, la vérité est que sommes collectivement désarmés face aux nouvelles formes de la pauvreté, à cette détresse ambiante que nous ne pouvons nous empêcher de ressentir à moins d’être complètement déconnectés. Hier, on entendait parler de chômeurs, de travailleurs à bas salaires, de mères monoparentales, d’immigrés récemment arrivés et de personnes âgées comme principaux bénéficiaires de cette aide alimentaire de survie. Mais que connaissons-nous de leurs réalités?
Oui, des denrées non périssables et de l’argent pour aider à confectionner des paniers de Noël pour les plus démunis et fournir une petite réserve aux banques alimentaires sont sans doute bien nécessaires… dans des situations d’urgence. Mais au-delà de ça?
Dans notre société du trop-plein, ceux qui souffrent de faim, de froid ou de solitude sont des personnes qu’on n’a pas su accompagner. C’est sûr qu’il est plus exigeant de s’engager concrètement que de vider son gousset une fois par année. Plus commode quand on est banquier ou patron d’une entreprise prospère de signer un gros chèque devant le kodak ou lors d’un quelconque bal de charité que de s’impliquer auprès d’un groupe de chômeurs, de prendre le temps de s’occuper, seul ou à plusieurs de certains d’entre eux. Pas mal moins évident pour un-e sur-occupé-e de se mettre en relation avec quelqu’un qui n’a pas assez de boulot justement et l’aider à trouver la marche où poser le pied. On pourrait imaginer des tas de collaborations du même genre. Les bases d’une véritable solidarité qui tient compte de l’être humain devant soi.
La plupart des bénéficiaires de ces aides ne tiennent pas à vivre d’aumône sociale. Ils demandent à ce qu’on leur reconnaisse une place, une utilité, un rôle. Ce à quoi les gouvernements ont failli. Comme nous, ils ont besoin d’autre chose, de dignité.
Pour qu’une journée comme celle d’hier (4 décembre) ne soit pas vaine, il faudrait d’abord changer notre rapport aux autres. Il faudrait aussi que les acteurs du monde économique évoluent, que les responsables politiques passent d’un discours négatif sur les exclus à des actes positifs. Que les médias fassent leur devoir d’information sur le sujet de la pauvreté. Et pas juste pour se mettre en valeur!
Sinon on va continuer à fêter la pauvreté au son des rigodons par une journée froide de décembre, année après année. Sacrée belle tradition du temps des Fêtes!