Le premier véhicule en 1771, était muni d’une chaudière, mais à cause de sa lourdeur, de son frein pas très efficace et la difficulté de la manipuler n’a pu être amélioré faute de fonds. Fonds qui était une vraie grosse fortune à cette époque. Une vidéo montre la réplique de ce fardier qui montre très bien comment cet engin n’était, en somme, pas très utile, ni discret
Nuage
Les incroyables trésors de l’Histoire : le premier véhicule à moteur construit en 1771
Par Frédéric Lewino et Anne-Sophie Jahn
C’est une belle légende qui s’effondre. Non, le fardier de Cugnot conservé au musée des Arts et Métiers n’a jamais effectué le moindre tour de roue. Seule une réplique à l’identique réalisée récemment par des élèves ingénieurs a roulé de nombreux kilomètres, faisant ainsi la preuve du génie de Cugnot. Devant notre stupéfaction, Lionel Dufaux, responsable des collections Énergie et Transport du musée des Arts et Métiers, répète une nouvelle fois :
« Non, le fardier de Joseph Cugnot n’a jamais roulé. »
Nous contemplons avec peine l’énorme fardier d’artillerie mû par une machine à vapeur à deux cylindres. Massif et inutile.
Joseph Cugnot est un ingénieur militaire, spécialiste des fortifications. Mais il bouillonne également d’idées nouvelles. Il crée, par exemple, un fusil conçu spécialement pour les cavaliers. Suivant de près les travaux menés sur la machine à vapeur, il a l’idée, vers 1767, de l’utiliser pour remplacer les chevaux tirant les fardiers à canon. Le duc de Choiseul, alors secrétaire d’État à la Guerre, enthousiaste, décide de faire financer Cugnot par l’État. Il lui est versé l’équivalent de 450 000 euros. (près de 64 milles $ Cad) En octobre 1769, les tests avec un prototype miniature sont suffisamment encourageants pour se lancer dans la construction d’un deuxième prototype grandeur nature : celui qui repose, désormais, au musée des Arts et Métiers.
Le démarrage prend plus d’une heure
La vapeur est produite par la gigantesque marmite en cuivre posée à l’avant. Une porte permet d’enfourner dans le foyer les bûches servant à la combustion. La vapeur alimente deux cylindres munis de pistons qui entraînent l’unique roue motrice. Forcément, le démarrage prend plus d’une heure et le plein de bois doit avoir lieu toutes les douze minutes. Le châssis est composé de deux longues et solides poutres en bois reliées par des traverses. Pour diriger le « chariot de feu », le conducteur dispose d’un accélérateur à main sous la forme d’une tringle commandant le robinet de vapeur, de deux cliquets pour inverser le mouvement des pistons afin de faire marche arrière, de poignées de direction et d’un frein. Un frein totalement incapable d’arrêter une machine de 2,8 tonnes à vide dans une descente.
On rapporte fréquemment que, lors d’un premier essai, le fardier heurte un mur en raison des freins inefficaces.
« C’est une légende, l’examen de l’intérieur des cylindres n’a montré aucune trace de fonctionnement », insiste Lionel Dufaux.
Mais pourquoi diable le fardier n’a-t-il jamais roulé ? Tout bêtement en raison de la disgrâce de Choiseul. Joseph Cugnot perd son principal soutien.
Ceux qui le remplacent ne croient pas dans la « machine à feu ». D’autant qu’elle est conçue pour rouler trop lentement pour suivre une armée en marche – 4 km/h – et qu’elle aurait du mal à franchir les terrains escarpés. Bref, faute de subventions, l’inventeur doit abandonner son fardier dans les ateliers de l’Arsenal de Paris.
Ainsi avorta la première tentative de réaliser un véhicule automobile. Si Cugnot avait pu continuer ses travaux, il aurait très certainement apporté de nombreuses modifications à son invention pour en faire réellement la première voiture.
Imagine-t-on Louis XVI conduit en voiture à vapeur à la guillotine ? Ou encore Napoléon conquérant la Russie grâce à son artillerie autotractée ?
C’était l’ancêtre de la locomotive à vapeur ? Je me suis toujours demandé pourquoi » çà » s’appelle un fardier ?