Plutôt qu’une citation, voilà une réflexion sur les changements de comportement face aux enfants. C’est vrai que les temps ont changé ! Avant nous pouvions aller jouer dehors dans un plus grand territoire, sans avoir une réelle surveillance. Il arrivait qu’après l’école, les parents étaient absents même si nous étions au primaire. Très jeune, moi et mon petit frère, nous devions faire des dépôts à la banque, la seule consigne, c’est de faire un aller-retour sans trainer. Mais, aujourd’hui, avec les pédophiles, les gens peu recommandables qui trainent dans les quartiers, l’inquiétude demeure.
Nuage
Comment nous sommes devenus les Big Brother de nos enfants
Arrivée à l’école à Vincennes en 2012. REUTERS/Charles Platiau
Que s’est-il passé pour qu’en une génération, des enfants qui allaient à l’école tout seuls, parcourant parfois un long trajet, se mettent, une fois devenus parents, à enlever toute autonomie à leurs enfants?
A 6 ans, je sortais chaque jour acheter le pain, très tôt le matin. J’ai commencé à aller seule à l’école dès le CE1 (soit vers 7 ans). L’établissement se trouvait à quinze bonnes minutes de chez moi à pied, il fallait traverser plusieurs routes, dont une bordant une station service, et mon quartier de l’époque serait aujourd’hui considéré comme une «zone urbaine sensible».
Je rentrais également seule à la maison –avec ma clé autour du cou– pour le rester jusqu’au retour de mes parents (vers 19h environ). Il ne m’est jamais rien arrivé. Il n’est surtout jamais venu à personne l’idée d’accuser mes parents de négligence. Et pour cause, tous mes camarades d’école dont les deux parents travaillent bénéficiaient de la même autonomie. D’ailleurs, pendant les vacances d’été, on se retrouvait tous au pied de la tour pour jouer jusqu’à très tard le soir.
Aujourd’hui, quand je demande à ma fille de 8 ans ce qu’elle voudrait faire quand elle sera grande, elle répond:
«Je veux être en sixième pour aller toute seule au collège».
Elle ne rêve pas d’être vétérinaire ou d’une place pour le concert de Violetta, elle voudrait circuler dans la rue, sans avoir à tenir la main de l’un de ses parents. Se rendre d’un point A à un point B, seule.
Et c’est hors de question pour l’instant. Même pas en rêve. Je ne suis même pas tout à fait sûre de l’autoriser à se rendre seule au collège quand elle aura 11 ans. Elle n’est jamais sortie acheter une baguette de pain, et les très rares fois ou j’ai été contrainte de la laisser seule à la maison le temps de faire une course urgente, je lui ai fichu la trouille de sa vie en lui expliquant que si elle ouvrait la porte ou quittait le canapé sur lequel elle était priée de rester assise, il lui arriverait quelque chose de très grave. (Oui, je sais).
Que s’est-il passé, en à peine une génération, pour que la mère que je suis, et qui a pourtant bénéficié d’une large liberté enfant, considère aujourd’hui que l’extérieur est forcément hostile à ma progéniture, et que ma présence à ses côtés est nécéssaire à chaque seconde?