Qu’est-ce que peut faire l’industrie nucléaire de 4 000 cocottes-minutes ? Sûrement pas pour exercées quelques expériences culinaires. Cet ustensile de cuisine serait-il un moyen économique pour transporter des matières dangereuses ?
Nuage
Nucléaire : des cocottes minutes pour transporter des « matériaux sensibles » ?

En Bourgogne, le centre nucléaire de Valduc (Côte-d’Or) a lancé un appel d’offres pour le moins intrigant. Il est à la recherche de 4.000 autocuiseurs pour transporter des matériaux sensibles. Et il le fait savoir sur Internet. Il semblerait qu’utiliser des cocottes minutes soit une pratique courante dans l’industrie nucléaire.
Centre de recherche nucléaire de Valduc cherche 4.000 autocuiseurs pour transporter des matériaux sensibles. C’est l’appel d’offres que l’on peut trouver sur Internet et qui intrigue les observateurs de cette installation nucléaire très secrète, basée à Is-sur-Tille, en Côte-d’Or. C’est là notamment que sont fabriquées les têtes nucléaires de l’arsenal militaire français. Un site, situé à l’abri des regards, dont la plupart des activités sont protégées par le secret défense.
Mais cette fois, c’est au vu de tous, sur Internet, que cet étrange appel d’offres est visible. Le centre du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) basé à Valduc cherche à acheter
« 4.000 autocuiseurs en acier inoxydable destinés au transport de matériaux sensibles, et garantissant un niveau de sûreté et de confinement parfaitement maîtrisés », indique précisément l’appel d’offres.
Mais pour quoi faire ?
Michel Marie est l’un des porte-parole du Cedra, collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs, qui garde un oeil sur les activités ultra-secrètes de cette base. Et c’est peu dire que cet appel d’offres l’a intrigué :
« On nous présente Valduc comme un site high-tech, on n’imagine pas un site comme ça chercher de vulgaires cocottes minutes… Donc la question c’est pour quoi faire ? »
Et là mystère… Même à la Seiva, l’association indépendante chargée d’évaluer l’impact de la base sur l’environnement, personne n’est au courant pour ces autocuiseurs. Alain Cagnol, professeur de mathématiques à la retraite, redoute déjà qu’ils ne servent à transporter des déchets nucléaires, et il fait même le calcul :
« 4.000 autocuiseurs de 17 litres, ça fait 70 tonnes de déchets solides, de quoi sont-ils composés ? Uranium, plutonium, tritium ? Nous n’avons aucune information ».
« Tous les établissements nucléaires font ça dans le monde entier«
Le président de la Seiva, Alain Houpert, également sénateur UMP de Côte-d’or, lui, se veut beaucoup plus rassurant. Il ne connaît pas la finalité de ces 4.000 cocottes minutes. Mais ce radiologue de formation n’est pas plus étonné que ça :
« On peut fabriquer des contenants de radioprotection mais qui coûteront une fortune, et qui ne seront pas mieux que l’autocuiseur qu’on trouve dans le commerce. Tous les établissements nucléaires font ça dans le monde entier », explique-t-il.
Vérification faite auprès d’un délégué syndical de chez SEB, qui produit entre autre des autocuiseurs : il assure qu’en 37 ans de métier, son entreprise a déjà vendu plusieurs milliers de cocottes minutes à l’industrie nucléaire française. Des récipients fiables apparemment.
Quant au commissariat à l’énergie atomique, actuellement fermé pour les vacances, il a décidé de nous faire mijoter encore un peu : nous saurons toute la vérité sur ces autocuiseurs. Mais pas avant la rentrée.
Des cocottes minutes pour un centre de haute technologie atomique, cela a de quoi surprendre. Et pourtant la pratique semble courante
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