J’ai trouvé les descriptions des nouvelles saveurs de la malbouffe très convaincante pour être dégoutée juste en lisant. Mais aussi, une horreur que quasi tout ce qu’on achète à l’épicerie est tout sauf bon pour la santé
Nuage
La nouvelle malbouffe

La malbouffe n’est plus ce que vous croyez.
Certes, les hamburgers dégoulinants de graisse, les frites saturées d’huile surchauffée et autres morceaux de poulet reconstitués font toujours partis du tableau des horreurs alimentaires mais la nature même de la malbouffe, celle qui nous engraisse et nous rend gravement malade, a changé.
Aujourd’hui, la vraie malbouffe est tous les jours dans nos assiettes.
Elle mélange des dizaines de produits chimiques- dont certains cancérigènes- sans que jamais vraiment personne n’ait mesuré l’effet d’accumulation dans nos organismes.
La nouvelle malbouffe se cache derrière le nom de produits impossibles à lire, est conçue en laboratoire, repose sur un redoutable assemblage de saveurs artificielles, à l’odeur de notre enfance, à le pouvoir de brouiller notre sens critique, est vendue par des champions du marketing et crée une forme d’addiction.
SAVEURS
Le phénomène n’est pas récent, il date de l’introduction dans notre alimentation de produits conditionnés par les géants de l’agro-alimentaires.
Des produits qui ne coutent pas grand chose à produire et dont la vente rapporte. Ils représentent aujourd’hui la vaste majorité des étalages de vos supermarchés.
En gros, une fois élimé les fruits, les légumes et les produits frais, ils occupent tout le reste.
Ce qui est nouveau par contre, c’est cette course en avant des fabricants à renouveler sans cesse son offre.
L’idée est simple : sous le prétexte d’un nouveau format, de nouvelles saveurs, vous vendre un aliment qui, justement, en est de moins en moins un.
CHIPS
Aux États-Unis, le phénomène à une ampleur considérable. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’une tendance uniquement américaine.
L’envahissement de nos assiettes par la « frankein-food » va de pair avec la pandémie d’obésité. Et la planète entière est touchée.
Parmi ses nouveaux produits, les chips New Flavor Lay’s (une marque de produits apéritifs qui appartient au géant Pepsico).
Le concept consiste à produire des chips – artificiellement – aromatisés avec les parfums les plus fous et suite aux suggestions décalées des fans du produit.
Pourquoi ? Pour attirer un public plus jeune (des consommateurs pour la vie) et capter l’attention des médias sociaux (publicité gratuite).
Après un coup d’essai il y a quelques mois, Lay’s vient de sortir ces nouveaux produits. Que, par curiosité, j’ai décidé de tester pour vous.
SALSA MANGUE
Pour ma petite expérience gustative, j’ai demandé à mes enfants, deux adolescents, de me seconder puisque ils correspondent plus ou moins à la cible de Lay’s.
L’idée était de se concentrer sur l’odeur à l’ouverture, le premier sentiment en bouche, l’évolution du goût puis l’impression une fois avalée.
Nous avons décidé de débuter par les chips Salsa Mangue.
Ce sont à priori les chips qui nous étonnent le moins. Les mélanges de sauces salsa sont très populaires aux USA et nous avons déjà dégusté – et aimé – plusieurs d’entre elles à la mangue.
A l’ouverture de paquet s’échappe un léger fumet d’orange. En bouche, on retrouve d’abord – et presque exclusivement – la mangue. Du moins, une mangue outrancière, complètement artificielle et bien trop douce.
En quelques secondes, le premier sentiment disparait pour être remplacé par un mélange écoeurant d’ail et d’asperges. Du moins, je crois.
Mais le vrai problème est dans la consistance de la chips. Aucun croustillant, pire très rapidement, nous avons tous les trois le sentiment d’avoir un morceau de carton en bouche. Je n’exagère pas, la chips a vraiment la consistance du papier mâché.
Une fois avalée, mauvaise surprise, la chips continue de nous « habiter ». Du moins, ce sentiment de s’être brossé les dents avec du dentifrice à l’oignon. Une pâte à dent périmée en plus.
Plusieurs verres d’eau seront nécessaires pour libérer nos papilles gustatives. Et le plus fou, c’est la Salsa Mangue est la meilleure du lot.
BACON MAC & CHEESE
Honnêtement, ce test a failli s’arrêter à l’ouverture du paquet. L’odeur qui s’en dégage m’a retourné le coeur et j’ai bien failli devoir me précipiter dans les toilettes pour vomir.
Un mélange repoussant de gras et d’odeur de pieds. Pas la petite odeur après une chaude journée mais celle de compétition, du gars qui ne s’est pas changé de chaussettes pendant trois semaines. Et qui n’a pas pris de douche non plus.
L’idée de mettre une de ces chips en bouche est repoussante. Mais justement, c’est ce qui fait rire mes enfants.
La première impression confirme l’odeur. Ce n’est pas du bacon mais directement un morceau de couenne, du gras pur que l’on aurait fait rissoler dans gras double. L’envie de cracher est – je crois- contournée par une quantité phénoménale de sel. Tellement que peu à peu, vos papilles gustatives ne sont pas en mesure de sentir autre chose.
Du moins pour quelques secondes, car ensuite, le « fromage » attaque. J’ai honte d’utiliser le terme de fromage moi qui suis un véritable amateur.
Là, immédiatement, on visualise un filament jaune et synthétique, celui qui sort des « bombes à fromage ».
Comme celui-ci :
Si la consistance est meilleure que celle de la salsa mangue, son arrière-goût est encore plus étrange. Peut-être celui qui consisterait à un morceau de savon aromatisé à la graisse de porc ?
CAPPUCCINO
Nous avons donc gardé le « fleuron » de la nouvelle collection pour terminer. La chips aromatisé au Cappuccino.
L’emballage nous apprend que la création a été envoyé par Chad Scott, un résident de la banlieue de Las Vegas et, dit-il, un accro des chips et du café.
A l’ouverture, le fumet qui s’échappe du paquet est clairement celui du cappuccino. On se croirait dans un Starbucks. Un Starbucks sans système d’aération tellement le tout est saturé.
En bouche, c’est l’horreur. Instantanée.
D’abord, le sentiment de prendre une bouchée de sucre en poudre.
Ici, si le salé a été remplacé par le doux, la quantité reste la même. On ne fait pas dans la dentelle. Ce n’est plus un produit apéritif, c’est un dessert. Un que l’on donnerait comme punition.
D’ailleurs, mon plus grand, se refuse d’aller plus loin.
Il faut dire que rapidement le sucre est remplacé par la « fameuse » saveur cappuccino. Un goût à vous dégouter à tout jamais de l’idée même de rentrer dans un Starbuck.
Imaginez un mélange qui aurait brûlé de café instantané, de lait qui aurait tourné et de pomme de terre rance. Le tout dominé par de la cannelle. Et du sucre. Encore et encore…
Une fois péniblement avalées, les chips cappuccino continuent à vous habiter. Vos doigts, vos lèvres, votre langue, votre bouche, votre haleine. Tout se retrouve contaminé par une odeur écoutante.
Donner une « note » au produit est tout simplement impossible. Du mois, sauf si l’on décide de vanter ses qualités répulsives.
GLACE
En réalité, le pire de l’expérience se déroule après l’étape de « dégustation ». Pendant plus de trente minutes – effet placebo ou pas – nous avons eu des nausées et des crampes d’estomac. Deux phénomènes que l’on retrouve parfois associés à la combinaison et l’ingestion de certains produits chimiques que l’on retrouve dans notre alimentation quotidienne.
Les frites Lay’s ne sont pas une exception. Il y a quelque jour, une mère de famille américaine a constaté qu’une glace de marque Walmart ne fondait jamais.
Oui, vous avez bien lu : une crème glacée, placée toute la journée au soleil du mois de juillet, ne fond pas. Pourquoi ? La présence de conservateurs et autres arômes artificiels.
Des produits chimiques vendus à bas prix que nous ingurgitons du matin au soir, sans vraiment nous préoccuper de leur origine et leurs effets à long terme.
Pourtant l’enjeu est de taille : la survie, la santé et le bien-être de l’espèce humaine
William Reymond
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