Le boycott, aujourd’hui, est une action pour éviter un endroit, ou acheter un produit spécifique pour protester contre des conditions que subissent certaines personnes, ou animales ou encore environnementales. Dans le passé boycotter a eu de très belles victoires
Nuage
Le « boycott » vient d’Irlande

Le mot « boycott » n’est apparu qu’en 1880, en Irlande. C’est une révolte agraire dans le comté de Mayo, à l’ouest, qui lui donna naissance. Retour sur l’histoire d’un terme aujourd’hui célèbre
Le mot « boycott » est un anthroponyme : un nom commun, qui a comme origine le nom propre d’une personne. Les plus connus sont Watt, Volt, Hertz et Ampère, des unités de mesures portant le nom du scientifique qui les a découvertes.
Pour le « boycott », tout commence en Irlande, au XIXe siècle. Charles Cunningham Boycott (1832-1897), Irlandais et ancien capitaine de l’armée britannique, est alors l’intendant d’un riche propriétaire terrien anglais du comté de Mayo, dans l’ouest du pays. Les fermiers des alentours louent donc des parcelles de terres à Cunningham Boycott. Mais en septembre 1880, les métayers, assommés par les loyers, lui demandent une baisse significative des prix de la terre. Il refuse. Charles Parnell, président de la Ligue Agraire, qui essayait de réformer le système de propriété de la terre, suggère alors que tous les habitants de la localité refusent purement et simplement de faire des affaires avec Cunningham Boycott. Commence ainsi le « boycott » : les ouvriers refusent de travailler pour lui – quitte à sacrifier la récolte – les commerçants locaux arrêtent de lui vendre leurs produits, il avait même du mal à obtenir son courrier !
Et comme personne ne voulait récolter la moisson, il dût embaucher 50 ouvriers du Nord, protégés par 900 militaires britanniques ! Au final, il dépensa plus d’argent pour la protection, que la récolte ne lui en rapporta. Ce qui entraîna la ruine de Charles Cunningham Boycott.
Mais son nom de famille allait devenir un nom commun célèbre, repris dès novembre 1880 par le Times anglais. Il ne tarda pas à se répandre jusqu’en Russie.
Les boycotts qui ont marqué l’Histoire
Le premier boycott de l’Histoire, même s’il ne portait pas encore ce nom, eut lieu en 1830. Aux États-Unis, la National Negro Convention décida de ne plus acheter de produits fabriqués par des esclaves, pour lutter contre ce traitement inhumain.
Mais le boycott le plus célèbre, pour les progrès civiques et sociaux qu’il a permis, reste celui des bus de Montgomery, en Alabama, mené par le révérend Martin Luther King Jr.
En 1955, dans le sud des États-Unis, la ségrégation entre noirs et blancs fait rage. Le 1er décembre de cette année, Rosa Parks, une afro-américaine, refuse de céder sa place dans le bus à un blanc. Elle est arrêtée et très vite, la communauté noire de Montgomery décide de boycotter les bus. Étant les utilisateurs principaux de ces transports en commun, la société publique commence à subir un déficit financier. Et, 20 jours après le début du boycott, la Cour suprême américaine déclare la ségrégation dans les bus anticonstitutionnelle.
Des gouvernements ont aussi boycotté d’autres gouvernements, lors des Jeux Olympiques par exemple. Les États-Unis refusèrent ainsi d’envoyer leurs athlètes aux JO de Moscou en 1980, pour protester contre l’intervention soviétique en Afghanistan.
Le boycott hors la loi
Cette forme de résistance non-violente qui s’apparente à un embargo ou à une grève est à la limite de la légalité.
En France, depuis novembre dernier, il est tout simplement interdit d’appeler au boycott des produits d’un pays. La peine encourue montre le sérieux de la décision : un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Michèle Alliot-Marie, alors garde des Sceaux, a estimé que le boycott n’était qu’une « provocation publique à la discrimination envers une nation« .
L’action collective et citoyenne qu’est le boycott a de beaux jours derrière elle. Devant elle, pas sûr.
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