Depuis des lustres, de l’information, des conseils, des publicités ont-ils eu un impact chez les adolescents face à la drogue ? Il semble que non. Et pire encore, car des drogues sont fabriquées avec n’importe quoi dans des laboratoires clandestins qui risquent d’explosé a tout moment
Nuage
Le fléau des drogues de synthèse
CAPTURE D’ÉCRAN / LCN
Les autorités constatent une très forte hausse des saisies des drogues de synthèse depuis le début de l’année.
Les autorités constatent une très forte hausse des saisies des drogues de synthèse depuis le début de l’année. C’est ce qu’ont indiqué à «J.E.» des policiers impliqués dans la lutte contre ce fléau grandissant de la société québécoise, en colligeant des données suite à leurs interventions sur le terrain.
La consommation de ces drogues augmente si rapidement que de nouveaux centres se spécialisent maintenant dans le traitement de psychoses toxiques chez les jeunes qui en consomment de plus en plus, révèle l’émission J.E.
Ces pilules, accessibles et peu coûteuses (de 3 à 5 $ le comprimé), sont fabriquées par millions dans des «superlabs» clandestins en banlieue, souvent à deux pas de résidents qui ne savent pas qu’ils sont les voisins de laboratoires artisanaux extrêmement dangereux, toxiques et explosifs.
Ces laboratoires sont des bombes à retardement et constituent un véritable casse-tête pour les policiers et les chimistes, qui doivent se vêtir de combinaisons spéciales pour les démanteler.
«C’est un peu comme faire la cuisine, mais au lieu d’utiliser des ingrédients connus, on utilise des produits chimiques, a expliqué Benoit Archambault, de Santé Canada. Souvent deux produits chimiques ne devant pas être ensemble le sont. Il y a des risques d’explosion, de brûlures sévères, d’intoxication.»
Les frais de la consommation
Pendant ce temps, de plus en plus de jeunes – ainsi que leurs parents – font les frais de la consommation de ces nouvelles drogues, dont ils ignorent souvent le contenu. L’Institut national de santé publique a analysé des échantillons fournis par «J.E» : des pilules de MDMA, de speed et d’ecstasy.
Dans deux des trois cas, elles ne contenaient pas les molécules auxquelles on s’attendait.
Certains jeunes comme Amélie, 21 ans meurent de leur consommation. Son amie Jessica, une ancienne consommatrice et maintenant infirmière, s’est confiée à «J.E.».
«Une soirée comme ça, tout a changé, a raconté Jessica. Elle a pris des drogues [et ne connaissait] pas le cocktail. On a appris que son cerveau c’était fini, une mort cérébrale. Mais c’est loin d’être un suicide. Elle avait le goût à la vie et elle voulait tout sauf mourir.»
Et de plus en plus de jeunes se retrouvent sous l’emprise de psychoses toxiques après avoir consommé. Elles sont devenues un véritable fléau depuis une quinzaine d’années, selon Luc Gilbert, psychiatre à l’hôpital Sainte-Croix à Drummondville, où sept à dix patients sont traités par jour pour ces problèmes.
«C’est ce qu’on voit de plus en plus a expliqué le Dr Gilbert. Des gens qui consomment et qui arrivent dans des états épouvantables à l’urgence et c’est une réelle épidémie. Le cerveau, quand il reçoit ces drogues auquel il n’est pas habitué, crée une métamorphose, et les comportements qui s’en suivent peuvent s’apparenter à la schizophrénie.»
«Premiers épisodes psychotiques»
Le fils de 20 ans de Céline Roberge est régulièrement hospitalisé à l’hôpital Honoré Mercier à Saint-Hyacinthe pour ce genre de problèmes. Il a déjà menacé de tuer sa mère, et cette dernière se trouvait dans un cercle vicieux dans lequel son fils faisait la navette entre le département psychiatrique et les cures de désintoxication, sans recevoir l’aide qu’il lui fallait.
L’hôpital Sainte-Croix à Drummondville a trouvé une solution pour venir en aide aux jeunes comme le fils de Mme Roberge. C’est un programme qui s’appelle premiers épisodes psychotiques, offert aussi dans au moins trois autres hôpitaux à travers le Québec.
Cinquante jeunes y ont déjà pris part. «Les jours présents à l’hôpital on a vu une diminution, très importante due au fait qu’en externe on leur offre un service comme ça, et dû aussi au fait que quand ils vont moins bien ils ont un filet de sécurité, a expliqué le Dr Gilbert. Ils savent avec qui se rapporter quand ça va moins bien.»
Mais entre-temps, les jeunes continuent à consommer. Une nouvelle drogue de synthèse ferait son apparition sur le marché chaque jour, a appris «J.E.».
Le problème devient tellement aigu que les différents corps policiers lanceront une action concertée dans les semaines à suivre pour sensibiliser la population à ce dernier.
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