Est-ce glauque ou de l’art ? Ce fut une pratique courante il y a bien longtemps que les chasseurs portaient leur trophée en guise de collier Mais aujourd’hui ??? D’autres veulent rendre a leurs animaux un aspect éternelle (personnellement, je n’aime pas la taxidermie) et beaucoup vont trouver cela normal Quoiqu’il en soit, elle ne mérite quand même pas les menaces de mort du moins pas de la façon qu’elle se procure ses animaux
Nuage
ARTISANAT : Des bijoux controversés
PHOTOS LE JOURNAL DE MONTRÉAL, SIMON BOUSQUET
Abigaëlle Hébert porte des boucles d’oreilles ornées de griffes de coyote et tient des colliers faits de têtes d’oiseau. Elle est l’une des seules artistes au monde à créer des bijoux à partir d’animaux morts.
Une jeune artisane de Belœil utilise des animaux morts comme matière première pour faire des parures
Des colliers en tête d’oiseau, des boucles d’oreilles en souriceaux et des bracelets en griffes de coyote sont parmi les créations un peu macabres d’une jeune femme de Beloeil.
Abigaëlle Hébert est éducatrice dans une garderie, mais la jeune femme de 24 ans à un passe-temps unique. Elle empaille des animaux pour en faire des bijoux.
«Mon plus gros vendeur, ce sont les boucles d’oreilles faites en pattes d’oiseaux», explique l’artiste.
Avant-gardiste
La plupart des bijoux de l’artiste sont abordables allant de 20 $ à 40 $ pour une paire de boucles d’oreilles. Mais les créations taxidermistes sont extravagantes et peu de personnes ont l’audace de les porter.
«Il y a des femmes qui me disent, par exemple, “j’aime beaucoup le collier en tête d’oiseau, mais je n’aurai jamais l’occasion de le porter”.»
Depuis qu’elle a commencé à créer, en octobre 2012, l’artiste attire de plus en plus l’attention.
Elle croit que ses bijoux pourraient devenir très tendance d’ici peu. Des créateurs de haute couture, comme Alexander McQueen, ont d’ailleurs dessiné des robes et des accessoires à partir d’animaux morts.
«On voit que les gens portent de plus en plus de boucles d’oreilles ornées de plumes. Moi, je vais un peu plus loin en mettant les pattes. J’ai un pied dans la marge», admet Mme Hébert.
Menaces de mort
Mais l’attention grandissante pour le travail de l’artisane n’a pas que du bon.
Certains la traitent de sorcière ou prétendent qu’elle fait des jouets sexuels en peau d’animaux.
Quelqu’un l’a même menacée en lui écrivant «Je veux ta peau de sale conne sur mon plancher!» sur sa page Facebook.
L’artiste a récemment été forcée d’effacer son annonce sur le site Kijiji en raison d’un trop grand nombre de menaces.
«Si j’étais un vieil homme barbu dans le bois, ça passerait sûrement mieux, estime Mme Hébert. Pourtant, je ne contreviens à aucune règle et l’Association des taxidermistes du Québec m’a récemment admise puisqu’ils jugent mon travail respectable.»
Selon elle, c’est la méconnaissance des gens pour ses techniques ancestrales qui provoque ces réactions.
«Les gens ont l’image d’une personne qui joue dans des cadavres d’animaux pourris, mais ce n’est pas ça du tout. Ça n’a rien de morbide, soutient-elle. C’est comme faire la cuisine. Je ne fais que découper la peau. Il n’y a pas de sang ni de tripes partout.»
UNE TÊTE D’OISEAU MORT DANS LE COU
Abigaëlle Hébert aime travailler les animaux morts. Paradoxalement, c’est son amour des bêtes qui est à l’origine de cette passion.
«Quand j’étais petite, je voulais être vétérinaire, mais je n’avais pas les notes alors, au lieu de soigner les animaux, je les rends immortels», explique-t-elle.
Pour faire ses créations, l’artiste ne chasse pas d’animaux. Les peaux utilisées sont celles d’animaux qu’elle trouve ou que des chasseurs lui apportent. Elles sont ensuite nettoyées et stérilisées.
«Lorsque je les récupère, je m’assure qu’elles sont toujours fraîches et en bon état. Certains de ces animaux sont nuisibles et ont été abattus par un propriétaire de chalet», explique Mme Hébert.
Passion macabre
La jeune femme a appris les techniques de taxidermie dans les livres, puisqu’il n’existe pas de cours au Québec.
Elle a débuté par la restauration d’animaux déjà empaillés depuis longtemps. Son premier projet était une table faite avec des pattes d’orignal.
En mettant à contribution ses habiletés à manier le séchoir, qu’elle a acquises lorsqu’elle était coiffeuse, elle peut rendre les plumes particulièrement éclatantes.
En demande
À mesure que son travail se fait connaître, des amateurs de partout dans le monde la contactent pour apprendre ses techniques. Elle a reçu des demandes d’aussi loin que la France et l’Australie.
Son talent aussi est en demande. Elle raconte devoir refuser régulièrement des clients.
«L’autre jour, il y avait un homme qui voulait que j’empaille un ours, mais c’est impossible, car mon condo n’est pas assez grand. Je me concentre donc sur les bijoux», explique Mme Hébert.
L’artiste utilise aussi ses œuvres à des fins éducatives. Elle a présenté quelques «pièces simples» à sa classe d’enfants d’âge préscolaire, lors d’un atelier sur les animaux.
«Je n’ai pas dit que c’était moi qui les avais empaillés. Je ne voulais pas faire freaker les parents»,
admet-elle.
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