Un autre billet sur Chris Hadfield, qui explique ce retour sur Terre, et du travail d’équipe entre des nations qui autrefois étaient ennemis mais, aujourd’hui ont réalisé ensemble un voyage dans l’espace tout à fait réussit
Nuage
Astronaute
Chris Hadfield se sent «super-héros» et «rat de laboratoire»
Photo Mikhail Metzel / AFP
MONTREAL – L’apesanteur lui a donné des ailes et l’astronaute canadien Chris Hadfield s’est senti comme un super-héros, mais aussi «rat de laboratoire humain», a-t-il raconté jeudi avec cet art consommé de conteur qui lui vaut désormais d’être une étoile de l’espace médiatique mondial.
«L’apesanteur est un super-pouvoir. Vous pouvez voler, sans effort. C’est un sentiment merveilleux, libérateur. Mais la réalité de la vie de chacun est ici, sur la Terre», a-t-il expliqué dans ce style imagé qui lui a valu près d’un million d’abonnés sur Twitter, lors d’une conférence de presse retransmise en direct au Canada depuis le centre spatial de Houston, au Texas, où il se réadapte à la vie sur Terre.
«Juste après avoir atterri, j’ai pu sentir le poids de mes lèvres et de ma langue. Je devais changer la manière de parler. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais appris à parler avec une langue qui ne pesait rien», a confié l’ex-commandant de la Station spatiale internationale.
L’astronaute moustachu, qui est trilingue français-anglais-russe, a raconté avec humour son retour graduel à la vie normale.
«Les symptômes ressentis sont ceux du vieillissement. Mes vaisseaux sanguins ont durci, mon système cardiovasculaire a changé… La pression artérielle et toutes ces choses ont changé. Tout cela est en train de se réadapter. Des chercheurs observent comment le corps contrôle tout cela. Je suis un rat de laboratoire. Mais un rat de laboratoire humain, grandeur nature», a-t-il dit.
«J’essaie juste de réapprendre à marcher… Je ne suis pas près de courir».
Suspendu au plafond
En grand communicateur poétique, chanteur et guitariste, révélé par son troisième séjour dans l’espace, l’astronaute a évoqué avec émotion les senteurs de la steppe kazakhe, celles du printemps, découvertes dès l’ouverture du sas de la capsule de descente russe qui l’a ramené sur Terre, mélangées à l’odeur de brûlé dégagée par la capsule, chauffée par l’entrée dans l’atmosphère.
À l’atterrissage, «nous avons heurté le sol comme lors d’une collision automobile. Une personne était sur le plancher, une sur une paroi et une suspendue au plafond. J’étais le gars suspendu au plafond», a poursuivi Hadfield.
«Tom (l’astronaute américain Tom Marshburn) a regardé par la fenêtre et il y avait de la terre, et de l’herbe, là où quelques instants auparavant on voyait l’espace. Puis, dès que les techniciens des secours ont commencé à ouvrir le sas, l’air de la Terre a pénétré et nous avons senti le parfum de la steppe», a encore raconté l’astronaute.
«Un par un, ils nous ont extraits de la capsule et la première sensation du retour chez nous ça a été cette fenêtre pleine de poussière de terre, le parfum du printemps et des herbes qui poussent au Kazakhstan», a-t-il poursuivi.
Interrogé sur les dommages éventuels que son nouveau statut de star peut causer à sa crédibilité scientifique, il a balayé cette préoccupation d’un revers de la main.
«Oui, je suis bien connu, tout à fait célèbre maintenant. Mais ce n’était pas mon objectif», a-t-il ajouté. «J’espère que je pourrai mener une vie normale après tout cela».
Enfin, Chris Hadfield a affirmé que la SSI était un beau symbole de la coopération entre des puissances jadis ennemies.
«J’étais un soldat de la guerre froide, chargé d’intercepter des bombardiers soviétiques dans les années 80. Et regardez où nous en sommes aujourd’hui», a-t-il dit.
Quand il était encore à bord de l’ISS, Hadfield a interprété devant les caméras la chanson Space Oddity (Singularité spatiale) de David Bowie, en flottant dans l’espace, tout comme sa guitare.
Sur YouTube, la chanson a attiré plusieurs millions de visiteurs.
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