Beaucoup de jeunes pour x raisons sont devenus SDF … Cependant certains ont choisi quand même de vivre avec un chien … Conditions difficile, ils ont un sens de partage hors du commun et grâce aux chiens plusieurs décide de donner une priorité aux chiens et laissent la drogue et autres comportement qui détruit une personne .. Mais l’hiver, ce n’est pas facile .. un refuge qui accepte les animaux de compagnies sont rare et pourtant c’est un tremplin pour mieux aider les jeunes ..
Nuage
Le chien, raison de vivre pour plusieurs sans-abris
Spoons et son chien Jack patientent dans la salle d’attente de la clinique vétérinaire hébergée par le centre de jour de Dans la rue.
PHOTO FRÉDÉRIC GUIRO, LA PRESSE
STÉPHANIE VALLET
La Presse
Un cinquième des jeunes sans-abri de Montréal ont un animal de compagnie et ils sont près de 200 à fréquenter la clinique vétérinaire Dans la rue qui leur offre ses services gratuitement, une fois par mois.
Au Québec, le Bunker, refuge d’urgence de 20 places pour les jeunes de 12 à 21 ans, est le seul établissement qui accepte les chiens. Ayant juré amour et fidélité à leur compagnon de misère, été comme hiver, les jeunes sans-abri dorment ainsi chaque soir dans la rue ou vivent temporairement dans des squats.
La Presse est allée à la rencontre de Sébastien, Spoons et Marie-Claude, trois jeunes pour qui leur chien est bien plus que le meilleur ami de l’homme: c’est aussi leur ticket pour décrocher de la drogue, éviter les problèmes et parfois, même, quitter la rue.
Chaque jour, 150 jeunes visitent le centre de jour Dans la rue, et plus de 20% d’entre eux ont un animal de compagnie, majoritairement des chiens. Membre de la famille, oreille attentive ou encore couverture chaude, ces compagnons à quatre pattes sont aussi un outil de responsabilisation pour de nombreux jeunes en difficulté. L’organisme de Pop’s, le père Emmett Johns, l’a bien compris et est le seul endroit en ville qui permette aux jeunes sans-abri d’être accompagnés par leur chien. Il accueille depuis maintenant 13 ans, tous les premiers mercredis du mois, une clinique vétérinaire mise sur pied par la faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe.
«En faisant ça, on n’exclut aucun jeune. Beaucoup refusent d’aller chercher certaines ressources, car leur animal n’est pas le bienvenu. Ici, ils peuvent laisser leur chien attaché dans l’entrée pour manger, pour aller voir un psychologue, une infirmière ou pour suivre des cours», explique Caroline Dufour, directrice des services aux jeunes de Dans la rue.
Lors de la dernière clinique vétérinaire, au début du mois de février, 25 jeunes ont consulté gratuitement les étudiants de troisième année de Saint-Hyacinthe avec leur animal. C’est le cas de Marie-Claude, 19 ans, que La Presse a rencontrée lors de sa consultation avec son chiot d’un mois et demi.
«Quand j’étais jeune, j’ai eu un chien qui s’appelait Lucky à Noël. Mais quand je suis allée en centre jeunesse, on me l’a enlevé. Depuis, j’appelle tous mes chiens Lucky», explique la jeune femme qui a vécu dans la rue de janvier à mai 2012 avec son précédent chien, un pitbull qu’elle s’est fait voler.
«J’ai trouvé ça dur, tu ne peux pas aller partout avec un chien quand tu vis dans la rue. Il faisait froid, et je trouvais que ce n’était pas sa place: tu dois avoir une maison, être capable de l’élever et de lui donner de la nourriture. J’ai reçu de l’aide et je m’en suis sortie», précise Marie-Claude, qui vit maintenant en appartement et suit une formation pour devenir coiffeuse en attendant de réaliser son rêve d’ouvrir un restaurant.
Pour elle, il est clair que son chien a été sa planche de salut.
«Dans la rue, mon chien, c’était comme ma survie, ma raison d’exister. J’avais des difficultés, je prenais de la drogue, et quand j’ai eu mon chien, j’ai arrêté parce qu’il était plus important que ma consommation: il fallait que je le nourrisse. C’est vraiment thérapeutique, un chien», lance-t-elle avec émotion.
Dans la salle d’attente improvisée au rez-de-chaussée du centre de jour de Dans la rue, Spoons, 21 ans, attend son tour avec Jack, un molosse noir avec qui il partage sa vie depuis maintenant deux ans.
«J’étais dans la rue quand j’ai su que je pouvais venir ici faire vacciner Jack gratuitement. On est restés presque un an à vivre dehors ensemble. Je l’ai toujours traité 50% humain, 50% chien. Dans la rue, je lui donnais toujours la moitié de ce que j’avais: ma nourriture, mes couvertures, tout, dans le fond. Jack est une race de chien qui est habituée au froid et moi, je rajoutais des couches de vêtements pour avoir chaud», explique le jeune homme qui a fait tatouer le nom de son chien en grosses lettres noires sur son biceps gauche.
«Je serais prêt à tout laisser tomber juste pour mon chien, même à retomber dans la rue. C’est pas mal osé, mais mon chien, c’est ma femme!», lance-t-il devant sa copine en souriant.
Caroline Dufour, directrice des services aux jeunes, tente d’utiliser comme tremplin cet amour inconditionnel des jeunes envers leur animal pour renforcer leur estime personnelle.
«Ce qu’il y a entre ces jeunes et leur chien est très fort, parfois même contraignant! Mais c’est aussi l’occasion pour eux de prendre soin de quelqu’un d’autre et ça les motive à prendre soin d’eux-mêmes. Ce lien peut aussi être transposé vers un être humain après. Ils ont été extrêmement blessés, déçus, ont vécu beaucoup de ruptures, alors ça peut aussi permettre de reconstruire leur monde émotif», explique Caroline Dufour.
«Ils passent 24 heures sur 24 avec leur chien. Alors sans dénigrer les autres propriétaires, ces jeunes offrent à leur animal une attention, une affection et une éducation hors pair. Je ne les regarderai jamais plus de la même façon, ces jeunes-là!», dit Diane Blais, fondatrice de la clinique vétérinaire Dans la rue.
http://www.lapresse.ca