Plus cela a l’air bon, plus ils espèrent attirer des consommateurs a venir acheter leur produits alimentaires . En terme clair, en fin pour moi, la publicité est une tromperie pour toujours consommer plus ..
Nuage
PAS MAL PLUS BEAU DANS LA PUB
MAQUILLER LA RÉALITÉ POUR MIEUX VENDRE, ÇA FONCTIONNE TOUJOURS
Le burger que vous commandez ressemble souvent à peine à celui que vous venez de voir quelques secondes plus tôt sur la photo au-dessus du comptoir.
Stephan Dussault
Journal de Montréal
Le Journal a fait une tournée dans cinq chaînes de restaurants pour comparer leurs hamburgers avec la publicité.
La différence saute aux yeux. La laitue de la publicité est verte et croustillante, mais flétrie dans la vraie vie, tout comme le fromage et la sauce dégoulinante, le pain écrasé, la boulette de viande difforme. Et puis, où diable ont-ils mis ces tranches de cornichons ?
Bref, dans le coin gauche, le produit est éclatant et dans le coin droit, le burger est plus brun que brun.
« On mange avec tous les sens, mais les yeux demeurent notre premier contact avec un aliment », résume la nutritionniste Stéphanie Côté, d’Extenso, le centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal.
MENTIR… SANS MENTIR
Pourtant, quand on y regarde de plus près, tout semble là ; les deux tranches de pain, le fromage, la boulette, la laitue, la rondelle de tomate.
« Pour la pub, j’ai cinq heures pour préparer le hamburger, prendre la laitue la plus verte, placer l’oignon et la tomate avec une pince à sourcils et choisir le plus beau des 200 pains devant moi. Côté présentation, aucun employé de fast-food ne peut me concurrencer ! », lance en riant la styliste culinaire Chantal Legault.
Des lois votées à Québec et à Ottawa interdisent tout de même les exagérations.
« Ça peut parfois paraître limite, mais les fabricants vont vous répondre qu’ils n’ont rien ajouté ou enlevé sur la photo », répond Stéphanie Côté.
« Nous vous assurons que les produits de nos publicités sont faits avec exactement les mêmes ingrédients que ceux que nous servons », nous a effectivement répondu Lisa Deletroz, responsable du marketing chez Wendy’s Canada.
La déception des clients semble rarement générer des griefs.
« De mémoire, je ne me souviens pas avoir reçu de plainte là-dessus », dit Réal Coallier, directeur régional à l’Office de la protection du consommateur.
« Les images et les graphiques […] ne devraient pas servir à tromper ou à fausser la valeur d’un produit », lit-on dans le Guide d’étiquetage et de publicité sur les aliments de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
LES TRUCS DU MÉTIER
SI LE HAMBURGER DE LA PUB A L’AIR SI BEAU, C’EST LA FAUTE DES STYLISTES CULINAIRES
Pour que la photo du burger, de la crème glacée ou de la dinde soit parfaite, tous les coups sont permis, dont le remplacement des ingrédients.
Chantal Legault fait depuis 30 ans ce que nos mères nous ont toujours interdit durant notre enfance : elle joue avec sa nourriture. C’est même son métier.
Au Québec, on dénombre une dizaine de stylistes culinaires. Leur tâche : mettre en valeur les plats des livres de recettes et les produits dans les publicités ou sur les emballages.
Chantal Legault a travaillé pour des dizaines d’entreprises, dont La Cage aux Sports, Weston et Saputo.
Le vrai du faux
Pour arriver à satisfaire ses clients, elle sort sa boîte à outils. On y trouve un fusil à décaper, de la colle, une torche à souder, une pince à épiler, un ciseau fin, de la vaseline, une seringue et un brumisateur.
Saviez-vous par exemple que, sur la boîte de céréales, le lait est le plus souvent remplacé… par de la colle blanche ?
« Le lait fait ramollir les céréales et c’est moins joli. Alors, je mets un fond de colle et je dépose judicieusement les grains de céréales et les fruits séchés avec une pince », explique-t-elle.
Pour la crème glacée, aucun produit ne tolérera les puissants éclairages du photographe. Pour contourner le problème, elle a sa recette secrète, composée entre autres de shortening, de sirop et de colorant.
Dans ce métier, le souci du détail peut vite devenir maniaque. Chantal Legault rit encore de cette journée où son client, un fabricant de biscuits qu’elle refuse de nommer, était contrarié par les poils des framboises décoratives.
« J’ai sorti mes ciseaux et nous nous sommes mis à trois pour épiler les framboises sélectionnées. »
Non comestible
Sinon, mieux vaut ne pas manger ce que Chantal Legault touche.
Prenez la magnifique dinde du livre de recettes. Elle est cuite à peine 15 minutes pour éviter que le gras perdu ne fasse friper la peau. La dinde est colorée avec un fusil à décaper et une marinade.
Même chose pour le steak, qui n’est cuit que quelques secondes. Pour reproduire les lignes de la grille du barbecue, Chantal Legault fait chauffer à blanc une broche à l’aide d’une torche à souder et marque la viande.
Tricher ?
Elle refuse de parler de tricherie.
« Au Québec, mes clients veulent que leurs produits soient ressemblants, mais aux États-Unis, on exagère souvent. Achetez des pizzas par exemple et comparez la quantité de fromage de la pub avec la réalité. »
Pour le reste, elle ne se gêne pas pour enduire le contour des pains à hamburgers de vaseline pour éviter que la moutarde ne vienne tacher les rebords et prend mille précautions en chargeant sa seringue de ketchup pour placer le liquide parfaitement dans le burger pour que vous ayez le goût d’y mordre à belles dents.


PHOTOS JOURNAL DE MONTRÉAL, STÉPHAN DUSSAULT
Chantal Legault, styliste culinaire, avec ses instruments de travail, dont des ciseaux, des pinceaux, de la colle, une pince à épiler et des seringues.
De la crème glacée ? Plutôt un savant mélange de shortening et de sirops.
Des cubes de plexiglas à 50 $ l’unité qui ne risquent pas de fondre.
http://www.journaldemontreal.com