Tuer des rhinocéros juste pour prendre sa corne et en faire un médicaments soit disant miraculeux, mais qui n’a pas de plus de propriété que nos propres ongles .. Alors si on y croit vraiment … aussi bien de se ronger les ongles
Nuage
Viet Nam → La demande de corne «miracle» menace la survie des rhinocéros
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Pour les Vietnamiens victimes du cancer ou d’attaques, la corne de rhinocéros est parée de toutes les vertus, soit-disant capable de tout soigner. Mais ce traitement « miracle », illégal et coûteux, menace la survie d’une espèce protégée.
Le désespoir de malades en stade terminal, dont se nourrissent les trafiquants vietnamiens, a fait exploser la demande et conduit à une véritable boucherie en Afrique du Sud.
Près de 160 animaux ont été braconnés au premier trimestre de cette année, après un record de 448 animaux tués en 2011, contre seulement 13 en 2007.
«On m’a diagnostiqué un cancer de l’estomac il y a neuf ans. J’ai tout essayé, y compris la corne de rhinocéros en poudre tous les jours. Maintenant, les docteurs me disent que je suis dans un état stable», raconte Nguyen Hung à l’AFP.
L’octogénaire, dont le nom a été changé, a largement les moyens d’acheter la corne qui se vend à Hanoï autour de 5000 dollars les 100 grammes.
Il ne voit pas pourquoi s’en priver.
«Je suis vieux, j’aime vivre (…) Je n’ai aucune raison de ne pas dépenser mon argent (…) si ça m’aide.»
Aucune propriété thérapeutique
Des études scientifiques ont pourtant montré que l’excroissance faite de kératine, la même matière que les ongles humains, n’a aucune propriété thérapeutique. Deux malades du cancer qui en consommaient, contactés par l’AFP pour cette dépêche, sont morts avant d’avoir pu être interrogés.
Mais les croyances ont la vie dure.
«La corne de rhinocéros est utilisée pour prévenir et guérir le cancer», assure Tran Thu Thao, spécialiste de médecine traditionnelle vietnamienne.
«Vous devez la réduire en poudre avant de la servir avec de l’eau ou de l’alcool», poursuit-elle, soulignant que les vendeurs ont des listes d’attente de plusieurs mois.
L’offre limitée a d’ailleurs encouragé l’émergence d’un marché de fausse corne.
« Les clients peuvent facilement acheter de faux produits au Vietnam », souligne Thao.
Trophée de chasse
Dans la rue Lan Ong, coeur de la médecine traditionnelle à Hanoï, presque tous les magasins proposent des plats avec une surface rappeuse sur laquelle la corne doit être doucement grattée.
L’appendice lui-même est vendu sous le manteau, parce que son commerce est interdit. Mais les poursuites sont rares et les trafiquants profitent de failles dans la législation, en particulier le fait que les chasseurs ayant tué un animal avec un permis en Afrique du Sud peuvent légalement rapporter leur «trophée».
Selon les groupes de défense des animaux, le Vietnam ne vérifie pas où finissent ces trophées après importation.
En outre, «il y a beaucoup moins de risques à faire passer clandestinement de la corne de rhinocéros que de la drogue, en terme de détection, de poursuites et de condamnations, et vous gagnez plus d’argent avec la corne de rhinocéros», explique Naomi Doak, de l’ONG Traffic.
Résultat, «c’est maintenant considéré comme une menace clé» pour le mammifère, insiste-t-elle.
Le Vietnam a vu s’éteindre en 2010 sa propre population de rhinocéros de Java, lorsque le dernier spécimen a été retrouvé mort avec sa corne coupée.
Des trafiquants vietnamiens sont régulièrement arrêtés en Afrique du Sud. Alors les autorités sud-africaines ont suspendu les délivrances de permis de chasse au Vietnam et demandé à Hanoï de s’assurer que les trophées étaient toujours en possession de leurs propriétaires légitimes.
Contre l’excès d’alcool
Mais Tran Huy Tu, policier et fervent utilisateur de corne, dont le nom a été changé, doute sérieusement du résultat.
«Les Vietnamiens vont en Afrique du Sud pour essayer de ramener de la corne de rhinocéros depuis des années».
Victime d’une attaque il y a trois ans, il raconte ingurgiter la poudre miracle pour contrer les effets d’un excès de boisson.
«Vous voyez que je peux boire beaucoup d’alcool et je suis toujours sobre et fort», assure le policier devant un verre de bière.
«Ça a certains effets, je pense», poursuit-il, bien au fait de l’illégalité de cette pratique.
«Ce n’est pas légal d’acheter ça», admet-il. «Mais au Vietnam vous pouvez acheter n’importe quoi avec de l’argent. Ou beaucoup d’argent.»
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