Nous connaissons un peu ce qu’est la boulimie et l’anorexie, mais d’autres troubles alimentaires existent et peuvent provoquer de graves conséquences pour la santé
Nuage
Des désordres sournois

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Les problèmes liés à la nourriture prennent une foule de formes différentes… et certains d’entre eux sont même pratiquement indétectables pour le commun des mortels.
Tout le monde a entendu parler des troubles alimentaires comme la boulimie et l’anorexie. Mais il en existe d’autres qui sont beaucoup moins connus ou reconnus – manger et recracher ses aliments, l’anorexie athlétique, la bigorexie ou l’orthorexie ne sont pas des problèmes reconnus cliniquement, mais peuvent avoir des conséquences désastreuses pour la personne qui en souffre.
Même s’il ne s’agit pas là de termes médicaux officiels, ce sont des maladies qui existent effectivement et dont souffrent plusieurs hommes, femmes, jeunes garçons et jeunes filles qui doivent faire face chaque jour aux problèmes qu’elles supposent.
Merryl Bear est directrice du NEDIC, le Centre national d’information sur les troubles alimentaires, un organisme torontois. Elle explique qu’une alimentation désordonnée ou des comportements alimentaires déficients peuvent être le fruit d’attitudes compulsives alimentées par des désirs affectifs.
Reflet d’un malaise personnel
Selon Mme Bear, l’anxiété, la dépression, une faible estime de soi et un besoin d’être accepté, de même que d’autres maladies psychologiques ou une incapacité à faire face à ses émotions sont aussi préoccupants que les risques physiques et aux complications associées aux troubles alimentaires.
Au bout du compte, une alimentation désordonnée ou une façon de manger hors norme peuvent être des symptômes de troubles alimentaires ou d’une personnalité limite, communément appelée «borderline».
Ces comportements peuvent nuire au travail, aux études, aux aptitudes à socialiser et peuvent miner le potentiel d’une personne. Ils peuvent aussi finir par faire en sorte que les personnes affectées se sentent différentes des autres, ce qui crée d’autant plus de difficultés dans leurs relations avec les autres.
Ces problèmes peuvent tous conduire à de la malnutrition ou à divers autres problèmes de santé.
Voici quelques comportements alimentaires qui devraient sonner l’alarme et qu’il serait important de savoir détecter chez soi-même ou chez un être cher:
Manger et recracher
Une personne consomme de grandes quantités d’aliments et les recrache avant de les avaler pour éviter les calories et la culpabilité qui s’y rattachent. Même si cela peut sembler anodin, ça ne l’est pas du tout. La nature secrète ou cachée et le gaspillage qu’engendrent ces comportements peuvent contribuer à créer une culpabilité encore plus grande.
Anorexie athlétique
(Exercice compulsif)
Il s’agit d’une obligation que l’on s’impose de faire de l’exercice, sans pouvoir s’arrêter et qui fait en sorte que l’exercice vigoureux finit par accaparer une grande part de notre temps. Aussi préoccupante chez les hommes que chez les femmes, cette maladie a des racines similaires à celles de la boulimie, car elle est, d’une certaine façon, un moyen de se «purger».
L’exercice compulsif ne laisse pas le temps au corps de se reposer. Il provoque souvent une dépense excessive de calories qui ne peut être compensée. Même s’il peut causer des dommages importants à l’organisme, ce trouble fait l’objet d’un vif déni de la part de ceux qui en souffrent et qui considèrent qu’ils ont un comportement tout à fait sain.
Lorsque l’activité physique devient une exigence telle qu’on perd tout sens de contrôle lorsqu’on n’en fait pas et que l’absence d’exercice génère de l’angoisse et de l’anxiété, il faut réagir. Les personnes qui souffrent de ce problème peuvent vivre aussi de l’anxiété face aux aliments. L’anorexie athlétique peut provoquer des blessures, de l’agressivité, de la dépression, et une perte de la masse musculaire.
Bigorexie
(Dysmorphie musculaire)
Les pressions sociales pour un corps idéal affectent aussi les hommes. La bigorexie est une obsession qui pousse à accroître sa masse musculaire, et ce, que la personne affectée soit très faible ou immensément musclée. Aussi appelée «anorexie inverse», la bigorexie touche plus souvent les hommes qui sont préoccupés par le pourcentage de gras par rapport à celui de la masse musculaire que par le poids lui-même.
Des régimes obsessifs à teneur élevée en protéines en passant par l’entraînement compulsif au gym, aux heures passées à examiner sa musculature devant un miroir et à la consommation de stéroïdes avec tous les problèmes que cela suppose, ce type de dysmorphie corporelle fera en sorte que ceux qui en souffrent sacrifieront leur vie affective et physique pour parvenir à afficher une apparence dont ils ne seront jamais satisfaits. Certains vont même aller jusqu’à éviter les relations sexuelles avec leur partenaire afin de pouvoir compter sur plus d’énergie pour s’entraîner.
Orthorexie
Ce problème affecte aussi bien les hommes que les femmes – il tire son nom du grec «ortho», pour «droit» et «rexia», pour «appétit». La personne orthorexique ne consomme que des aliments santé, selon sa propre définition de ce qui est «santé». En agissant ainsi, il arrive souvent que ces personnes ne consomment pas tous les éléments nutritifs ni toutes les calories dont elles ont besoin.
Au-delà du cliché de la personne hypersoucieuse de manger santé, l’orthorexie pousse la personne à exercer un contrôle absolu sur son régime alimentaire; tout écart engendre culpabilité et angoisse. Et comme cette forme de compulsion donne l’impression d’un comportement exemplaire sur le plan social, surtout avec les médias qui ne cessent de nous rappeler de manger sainement, elle peut être vraiment facile à cacher.
Mais au bout du compte, selon Mme Bear, «Le fait pour cette personne d’abandonner de tels comportements ou de jeter un peu de lest est une source de peur et d’angoisse, car son obsession donne un sens à sa vie et lui tient lieu de mission, alors que pour le commun des mortels, ce n’est pas important à ce point.»
Connais-toi toi-même
Si vous pensez avoir un problème ou être affecté par un trouble alimentaire, posez-vous les questions suivantes:
• Quels sont les effets de ces comportements sur ma vie?
• Quelle aide m’apportent-ils?
• Quel mal me font-ils?
• Et s’ils m’aident, s’agit-il d’une aide véritable?
• Puis-je faire quelque chose de plus productif pour m’aider à atteindre les résultats que je souhaite?
• Est-ce que mes comportements nuisent à ma capacité de vivre pleinement, d’être heureux?
De l’aide
Si vous avez besoin d’aide, ou connaissez quelqu’un qui devrait être aidé, communiquez avec ANEB Québec, au www.anebquebec.com. Vous pouvez aussi consulter le site du NEDIC (National Eating Disorder Information Centre), au www.nedic.ca.
http://fr.canoe.ca