Je vous conseille de lire l’article, car juste le titre ce n’est suffisant pour comprendre ce qu’est cette Barbie qui ne respecte aucunement les normes de santé et véhicule pour plusieurs petites filles une image faussée de la femme, du corps

Un corps irréaliste et hallucinant

Galia Slayen s’est amusée à recréer le corps irréaliste grandeur nature de Barbie.
© Courtoisie du Huffington Post
Elle mesurerait 1,80 m (six pieds), aurait un tour de poitrine de 98 cm (39 pouces), une taille de 40 cm (18 pouces) et des hanches de 82 cm (33 pouces). Elle est blonde, à la peau blanche, ne vieillit jamais et consomme de manière immodérée. Agence QMI
Est-ce bien là le modèle que nous voulons proposer à nos fillettes?
«Certainement pas», diraient sans doute bien des parents.
Les mensurations ci-dessus donnent un aperçu de ce qu’aurait l’air la poupée Barbie si elle avait une forme humaine. Sa version de 1,80 m a même été créée «dans la vraie vie» il y a quatre ans par Galia Slayen, une jeune femme originaire de Portland, en Oregon, qui a confectionné cette sculpture en fil de fer et en papier mâché dans le cadre de sa thérapie pour vaincre l’anorexie.
Elle a récemment été invitée à l’émission The Today Show et a déclaré que sa sculpture, qu’elle a présentée cette année au collège de l’État de New York où elle étudie dans le cadre de la semaine consacrée aux troubles alimentaires, «avait fait jaser».
Dans un article qu’elle a écrit le mois dernier pour le journal Huffington Post, elle a expliqué qu’elle avait habillé sa Barbie géante avec ses propres vêtements, dont une jupe de taille double zéro qui «glissait de ma taille lorsque je me battais contre l’anorexie».
Un idéal pour les fillettes
Galia écrit qu’elle s’est beaucoup amusée avec sa poupée Barbie quand elle était petite fille, et qu’elle croyait alors que la poupée représentait la perfection et ce à quoi toutes les petites filles devaient aspirer. Elle a enfilé sa jupe dans sa sculpture «pour rappeler que la silhouette de Barbie, et la mienne à une certaine époque, n’ont rien de sain. Elles ne sont pas normales – quel que soit le sens que l’on donne à normal.»
Compte tenu du fait que l’on vend sur la planète une poupée Barbie à la seconde, et que les troubles alimentaires sont les maladies chroniques les plus courantes chez les jeunes femmes, créer une Barbie grandeur nature est un bon moyen d’amorcer les discussions sur la question, selon Suzanne Phillips, coordonnatrice de programme pour le Centre national d’information sur les troubles alimentaires (National Eating Disorder Information Centre), qui organisait il y a quelques semaines une conférence intitulée Packaging Girlhood.
«Barbie est l’un des premiers modèles qu’ont les petites filles dans leurs jouets. Et elle représente apparemment un idéal qu’on nous enjoint à viser», dit Mme Phillips.
Une allure irréaliste

Galia Slayen s’est amusée à recréer le corps irréaliste grandeur nature de Barbie.
© Courtoisie du Huffington Post
«Son allure est non seulement inatteignable, mais vient aussi avec un tribut élevé. D’un point de vue socioéconomique, on rêve d’avoir les moyens de s’offrir une Barbie et tous ses accessoires.»
La poupée et tous ses accessoires, on le sait, occupent facilement toute une rangée d’un magasin de jouets comme Toys R Us.
Les inconditionnelles de la célèbre poupée diront qu’avec les années, Barbie a représenté toutes les sphères de réussite professionnelle des femmes d’aujourd’hui: il y a eu la Barbie astronaute, la médecin…
Mais Mme Phillips voit les choses d’un autre oeil: «Oui, vous pouvez viser toutes sortes de professions, mais Barbie elle-même ne change pas. Son succès n’est pas lié à son travail acharné ou à de longues études: sa réussite est intimement liée à son apparence physique.»
Grotesque et distordue
L’image de la Barbie en papier mâché qui prend vie est grotesque, estime Suzanne Phillips.
«Elle nous renvoie une image irréaliste et distordue, que nous voyons chaque jour. On ne voit pas dans les magazines ou à la télé des images qui n’ont pas été retouchées ou modifiées d’une façon ou d’une autre. On perd de vue ce qui distingue la réalité de la fiction.»
Jouer avec des poupées Barbie et feuilleter des magazines de mode ne conduit pas nécessairement à des troubles alimentaires, estime Suzanne Phillips, qui croit que la poupée et la femme typique des magazines représentent le statut, la popularité sociale et la réussite, et que c’est tout cela qui peut conduire à une baisse de notre estime de soi et nous faire sentir laide ou pitoyable.
«C’est ce qui, par la suite, peut conduire à une obsession face au poids, aux aliments et mener à des troubles alimentaires», explique-t-elle.
Le fait que Barbie soit blonde, blanche, riche et sans âge est également déstabilisant pour bien des parents:
«Si ces poupées sont bien amusantes pour jouer, elles manquent cruellement de diversité quant aux images véhiculées. Et si c’est tout ce que voit votre enfant, cette perfection uniforme, elle n’aura qu’une seule et unique perspective.»
Démesurée
Une autre statue de la poupée Barbie, appelée «Get Real Barbie» (Barbie, deviens réelle!) a aussi été créée, il y a quelques années, cette fois par une adolescente de 14 ans qui s’est inspirée d’un cours sur les proportions de sa classe de géométrie. Elle a fait la tournée de tout le Massachusetts grâce à l’organisme américain South Shore Eating Disorders Collaborative afin de sensibiliser le public aux problèmes d’image corporelle. Parmi les affirmations mentionnées dans le cadre de cette tournée:
Les ventes de poupées Barbie ciblent les fillettes de 3 à 12 ans.
Une fillette a en moyenne sept poupées Barbie durant son enfance.
En 1993, on a vendu pour plus d’un milliard de dollars de poupées Barbie et d’accessoires.
Si Barbie était une vra
ie femme, elle mesurerait pas loin de 1,80 m, pèserait 59 kg (130 lb) et chausserait des 6. Son IMC serait de 16, ce qui satisfait aux normes pour être considéré anorexique.
En raison de ses proportions démesurées, elle devrait marcher à quatre pattes.
En 1965, la trousse de la poupée Barbie en pyjama (Slumber Party Barbie) venait avec un pèse-personne bloqué à 59 kg (130 lb) et un livre sur les régimes.
Ce qu’il faut savoir
Selon la NEDIC (
www.nedic.ca), les questions d’image corporelle sont très ancrées dans la tête des enfants. Voici quelques résultats d’un récent sondage de l’organisme:
En 2002, 28 % des filles de 2e secondaire avaient adopté des comportements dans le but de perdre du poids.
Une étude réalisée en 2008 a révélé que 40 % des filles de 3e secondaire se percevaient comme trop grosses.
Une étude britannique réalisée auprès des jeunes filles de 14 et 15 ans a permis de constater que celles qui s’imposent un régime strict courent 18 fois plus de risques de souffrir de troubles alimentaires dans les six mois qui suivent que celles qui ne faisaient pas de régime.
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, chez les adolescents comme chez les adultes, 10 femmes pour 1 homme souffrent de troubles alimentaires diagnostiqués.
http://fr.canoe.ca