Je pense que plusieurs se doutaient qu’il y avait une relation entre l’animal maltraité et l’entourage de l’agresseur Mais aujourd’hui, avec cette étude, il est clair que si nous voyons des animaux maltraités plus de 50 % de possibilité qu’il y a violence a la maison … L’histoire de dire que cela n’est pas de nos affaires ne devrait jamais effleuré l’esprit …
Le lien entre la violence familiale et la violence envers les animaux
Merci à la clinique vétérinaire Principale de Granby qui a soigné cette chienne abusée avec un fusil à clou et qui nous permet d’utiliser la radiographie
Saviez-vous que lorsqu’un animal est maltraité, il y a de fortes chances qu’un des membres de cette famille le soit aussi?
Par Annie Ross – Docteure en médecine vétérinaire
Selon plusieurs études réalisées en Amérique de Nord, il existe un lien étroit entre les mauvais traitements et la violence envers les animaux et la violence envers les humains, spécialement au sein d’une même famille. Ces humains sont trop souvent, quoique pas toujours, des enfants et des femmes.
Il existe malheureusement une corrélation entre la violence familiale et la violence envers les animaux. Oui, les animaux sont piégés, eux aussi, dans le cercle de la violence conjugale et familiale…
Pourquoi les animaux sont-ils victimes de telles violences?
Dans les cas de violence familiale ou conjugale, la personne qui menace de blesser ou qui blesse ou tue un animal de compagnie peut le faire pour obtenir ou conserver un certain contrôle, une forme de pouvoir, sur les autres membres de la famille. L’animal peut être utilisé comme un otage, comme un outil de chantage, d’intimidation, de manipulation et même d’abus émotionnel auprès des autres membres de la famille. Mais en plus de cela, les animaux sont vraiment à risque d’être blessés ou même tués.
Des faits vécus frappants
Vous croyez que ça n’arrive pas ici? Détrompez-vous! Une collègue, Dre Valérie Dessureault-Panneton, de la clinique vétérinaire Principale de Granby, a récemment soigné une Labrador violentée (qui a d’ailleurs survécu) et eu la gentillesse de fournir cette radiographie. En effet, comme on peut le voir, quelqu’un a utilisé un fusil à clou et a visé la tête de la chienne.
Pour ma part, dans ma carrière, je me souviens d’avoir vu en urgence, à Montréal, au moins trois cas de violence envers les animaux: un petit chien étranglé avec le fil d’une lampe de chevet, un chat avec des marques de brûlures de cigarettes et un jeune berger allemand battu, placé dans un sac de poubelles et jeté du haut du quatrième étage.
Des statistiques qui font mal
Voici des données provenant de sondages variés faits en Ontario, à Calgary, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du- Prince-Édouard auxquels participaient des femmes victimes de violence familiale, propriétaires d’animaux et hébergées dans des refuges.
Plus de la moitié de ces femmes ont mentionné que leur animal de compagnie avait été menacé, maltraité ou encore tué par leur agresseur.
Un peu moins de 50 % des femmes ont rapporté que le conjoint agresseur avait effectivement blessé ou tué leur animal.
Au moins le quart d’entre elles ont retardé leur départ du domicile par souci pour leur animal de compagnie.
Environ le tiers d’entre elles ont indiqué qu’elles hésitaient à demander de l’aide de peur que le conjoint ne fasse du mal à leur animal.
Plus des deux tiers de ces femmes ont affirmé que leurs enfants étaient conscients et affectés par le fait que leur animal avait été blessé ou tué.
Des tendances violentes à connaître
Les gens qui violentent des animaux sont aussi souvent responsables de violence familiale.
Les enfants qui violentent des animaux ont tendance à être également des victimes ou, encore, ont été témoins de violence et ont appris à se comporter agressivement envers les autres personnes et les animaux.
Les gens qui maltraitent des animaux sont cinq fois plus susceptibles de commettre des crimes violents contre des personnes.
Presque tous les auteurs de mauvais traitements envers des animaux ont été des victimes ou des témoins de violence dans leur enfance.
Ouvrez les yeux
Selon le Centre canadien de la statistique juridique, plus de 100 000 personnes ont été admises dans des maisons d’hébergement au Canada en 2008. Au moins 60 % des maisonnées concernées possèdent généralement un ou plusieurs animaux domestiques.
On peut dire que la violence faite à un animal est souvent le reflet ou le symptôme de violence domestique. En fait, quand un animal est menacé, blessé ou tué, il est fort à parier qu’un enfant ou un partenaire est aussi victime de violence ou d’abus à la maison.
De plus, quand un enfant blesse ou tue un animal, il faut souvent le voir comme le reflet d’un problème encore plus grand à la maison…
Alors, je m’adresse à vous tous, citoyens, voisins, professeurs, vétérinaires, techniciens en santé animale, travailleurs sociaux, policiers, procureurs, juges, etc.: ouvrez l’oeil et le bon!
La prochaine fois, je vous parlerai d’Animescale, une lueur d’espoir au Québec pour héberger les animaux des victimes de violences conjugales.