J’ai savourer cet article .. car c’est exactement ce que je pense quand je vais au magasin … Je déteste magasiner !!! Flâner ca va.. mais acheter non c’est toujours trop cher et trop de »stock » A l’épicerie, je le remarque surtout pour le pain et les produits laitiers le reste je vais au moins cher ..mais ou j’aime qu’il y ai autant de choix, de couleurs, de variété c’est bien aux fruits et légumes .. A part cela .. acheter n’importe quoi, linge, meubles, ordinateur, nous avons que l,embarras du choix et que nous comprenons pas nécessairement si cela réponds a nos réels besoins
Magasiner, une corvée?

J’ai besoin de shampoing. Au magasin, me voici devant une bonne vingtaine de marques et autant d’étiquettes à scruter. Tracasserie, perte de temps. Trop de choix, c’est comme pas assez!
Un rendez-vous annulé à la dernière minute? Tant mieux! Ça me laisse trois belles heures devant moi. J’en profiterai pour aller m’acheter des chaussures de marche. Puis je dînerai en lisant. Erreur et malheur! Je reviens à la maison bredouille, affamée, fâchée. Pourtant, ce n’était pas le choix qui manquait, croyez-moi! Mais c’est justement ça, le problème: il y en avait beaucoup trop. À force de butiner d’un modèle à l’autre, de branler dans le manche, de réfléchir et de calculer, les heures ont passé… et j’ai senti la frustration monter. J’aurais voulu claquer les portes tournantes à toute volée! J’ai simplement abandonné. Je n’ai même pas eu le temps de casser la croûte. Je sais, vous aussi, c’est pareil partout et pour tout: abondance, surabondance, méga-hyper-abondance. De produits, de fonctions, de formats, de couleurs, de marques et de prix.
Prenez les dentifrices: il y en a contre la carie, pour les enfants (les tubes sont tellement cute!), pour blanchir les dents, pour protéger l’émail, pour combattre la sensibilité gingivale, pour lutter contre la mauvaise haleine. Stop, s’il vous plaît: JE VEUX SEULEMENT ME BROSSER LES DENTS!
Même chose pour les voitures, les robots culinaires, les vernis à ongles, les crayons, les boulons, les bonbons… et même les soutiens-gorges (un gris qui pigeonne, un rouge qui comprime, un rose qui découvre, un noir qui recouvre, un léger qui s’étire, un résistant garanti 10 ans). Et je vous fais grâce des courses au supermarché. Ah! L’épicerie. La seule vue du comptoir des yogourts m’épuise, et je ne me suis pas encore approchée des détergents à lessive!
Mais il n’y a pas que le choix qui m’énerve, il y a aussi le temps perdu. C’est long, choisir. Et comme l’exercice vous gruge les nerfs tout autant que les minutes à l’horaire, le shopping cesse d’être une partie de plaisir pour devenir une réelle source de stress. Car magasiner, c’est comme partir en expédition!
À ce sujet, la journaliste Lucie Dumoulin a publié dans Internet un commentaire intéressant sur Le paradoxe du choix, un essai de Barry Schwartz, professeur de psychologie sociale:
«Il semble y avoir un rapport entre la plus grande source de stress de notre époque – le manque de temps – et la profusion de biens et services, car chaque option (restaurant, vêtement, destination de voyage, tondeuse à gazon) exige d’être analysée, comparée, évaluée au cours du processus de décision qui sous-tend nos choix. Et que dire de l’effet néfaste sur le bienêtre et la santé des sentiments engendrés par les comparaisons sociales basées sur les apparences d’aisance matérielle: jalousie, frustration, hostilité… Voilà ce qui vient automatiquement avec une culture de l’abondance.»
Magasinage: trop de choix?
Bon, trêve de lamentations. Soyons honnête et jetons aussi un coup d’oeil sur l’envers de la médaille. Je suis bien obligée d’en convenir: c’est peut-être tuant, mais c’est merveilleux d’avoir le choix. L’abondance est un bonheur, et nos arrière-grands- mères nous trouveraient chanceuses de pouvoir en profiter.
Il y a très longtemps, les produits existaient simplement pour répondre à une nécessité: du pain pour se nourrir, une maison où se loger, un manteau pour avoir chaud. Puis, avec l’essor économique des pays industrialisés, une fois tous les besoins vitaux comblés, les désirs ont pu se manifester. De nouveaux produits sont apparus, plus nombreux, plus spécialisés. La créativité s’en mêlant, le superflu, le luxe, le beau et l’inédit ont trouvé place à portée de nos mains (et de nos portemonnaies!) sur les tablettes des magasins. Le marketing jouant à fond sur nos envies – et sur l’envie tout court -, la période de «l’appartenance» s’est amorcée. L’objet lui-même est dès lors passé en second lieu au profit de la marque. C’est elle qui nous démarquait. On l’endossait, on en faisait partie comme d’un club. Et ça, c’était hier à peine.
Aujourd’hui, la pub s’est encore raffinée. Son leitmotiv n’est plus «Tout le monde portera un jean» ni «Tout le monde portera un Levi’s», mais «Chacun portera son jean». Sa marque, sa coupe, sa couleur. On n’achète plus, on s’exprime! On ne se procure plus ce qu’on aime, mais ce qu’on est. On le dit, d’ailleurs: «Moi, je suis très fibres naturelles» ou «très repas congelés».
Il ne s’agit plus de convaincre une clientèle, mais de répondre au goût de chacun des clients. Vive l’ère de l’individuation! Une trouvaille géniale vouée au succès: en effet, comment résister quand on vous offre la possibilité d’être unique au monde? À cet égard, nous ne sommes pas au bout de nos options: l’Américain Howard Moskowitz, docteur en psychologie comportementale, un monsieur très écouté dans son domaine, prône l’innovation de produits comme tests de marché. Au lieu de procéder à partir de simples sondages, on va bientôt nous titiller le désir d’acheter en nous proposant une manne de nouveautés parmi lesquelles on n’aura qu’à… choisir.
C’est de l’ouvrage, ça, madame! Pour les designers, pour les marchands (imaginez le stock inouï de marchandise à gérer!) et pour moi, pauvre consommatrice, qui devrai me dépêtrer de toutes ces tentations. Au bout du compte, faudra-t-il généraliser le sur-mesure sur commande? Plutôt que de farfouiller dans les étalages, chacun remplirait son formulaire d’achat dans Internet et passerait chercher son produit personnalisé au comptoir du coin. La techno de pointe nous permettra peut-être même bientôt, qui sait, de créer nos propres couleurs, nos outils, le design de nos meubles ou la texture de nos oreillers. La caverne d’Ali Baba et la lampe d’Aladin à mon service exclusif, quoi! Fini les pertes de temps! Fini le stress! Un fantasme à portée de clic. Plus personne ne ressemblerait à personne. Et chacun atteindrait au comble de son individualité.
Mais je fais quoi, en attendant ces jours heureux? Comment me sortir de l’enfer du magasinage? Je ne vois que deux solutions. Ou bien je m’abandonne à la simplicité volontaire et reviens aux seuls produits de première nécessité, histoire de réduire le plus possible le stress du choix. Ou bien je réfléchis sérieusement avant de me rendre au centre commercial. Pas franchement prête à sacrifier mon petit confort, j’ai privilégié la seconde option. J’ai donc dressé une liste de questions, auxquelles j’ai l’intention de répondre le plus honnêtement possible avant chaque blitz d’achats.
Magasinage: 7 questions à se poser avant de se lancer
1. Ce produit comble-t-il un besoin réel ou une simple lubie? S’agit-il d’une urgence ou si ça peut attendre?
2. Est-ce que je l’achète pour moi ou pour faire baver d’envie quelqu’un d’autre?
3. Quelles conséquences la fabrication et l’usage de ce produit ont-ils sur l’environnement et l’économie?
4. Ce produit-là vaut-il le stress que je devrai supporter pour me le procurer?
5. Suis-je capable de définir assez précisément le produit que je veux (format, matériau, couleur) et l’usage que j’en ferai?
6. Quel prix devrais-je raisonnablement payer? Puis-je espérer voir ce prix réduit à moyen terme (si j’attends que le produit soit en solde, par exemple)?
7. Où et quand ai-je de meilleures chances de le trouver?
Après ça, si j’ai encore bonne conscience, j’imagine que je me sentirai mieux armée en entrant dans une boutique. Et que je m’épargnerai, sinon de l’énergie et des sous, au moins quelques regrets…
N’empêche. Vous ne pensez pas que ce serait reposant, des fois, de ne pas avoir tant de choix au rayon des dentifrices?